Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/45

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comme tout était en ordre. Il y avait aussi des arbres qui donnaient des fruits, et un vieux prunier devant les fenêtres. Le soleil venait par-dessus l’église et regardait dans le jardin avec son œil rond qui fait le jour ; et on sentait l’odeur de la terre.

Aline, étant travailleuse, s’aidait tant qu’elle pouvait. Elle tendait le cordeau ; elle comptait les graines dans le creux de sa main, parce qu’elle avait de bons yeux ; ou bien elle puisait l’eau et le puits grinçait comme un âne qui crie, pendant qu’elle pompait avec ses bras nus.

Souvent aussi elle allait dans le village. Ses amies l’appelaient de dessus le pas de leur porte et elles avaient, comme elle, les cheveux ébouriffés et les manches retroussées, car c’est le sort des filles dans les familles de se rendre utiles de bonne heure ; il faut qu’elles sachent tenir une