Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/70

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l’angle du perron aux degrés creusés et une mangeoire ; tout le reste était dans l’ombre. Sous la grosse lampe en cuivre de la salle à boire, la servante allait et venait, rangeant les escabeaux sur les tables, afin que tout fût prêt pour balayer le lendemain matin. Aline s’arrêta un instant. Puis la lettre, en tombant dans la boîte, fit un grand bruit. C’était fini. Alors son courage s’en alla d’un seul coup.

Elle rentra à la hâte. Les grillons criaient sans s’arrêter dans la campagne ; parfois la voix des crapauds, comme du coton, arrivait de l’étang. Un chat glissa près d’elle. Et elle chancelait sur ses jambes molles.

La lumière pourtant la rassura. Elle craignait surtout que sa mère ne l’eût entendue, mais la maison était tranquille. Elle dormit mal. Ses rêves se mêlaient à