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HISTOIRE DU SOLDAT

Même jeu. Première phrase du choral, pendant que le rideau se baisse.
LECTURE

Il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu’on a ce qu’on avait,
on ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était.

On n’a pas le droit de tout avoir : c’est défendu.

Un bonheur est tout le bonheur ; deux, c’est comme s’ils n’existaient plus.


Le trop beau n’est même plus beau ;
qui veut plus qu’un n’a que zéro.

Reprise du choral.

« J’ai tout, j’ai tout, » pense-t-il.
Mais un jour, elle, elle lui dit :
« Je ne sais rien encore de toi, raconte-moi,
raconte-moi un peu de toi. »

Reprise du choral.

« C’est que c’est dans le temps, tout là-bas,
dans le temps que j’étais soldat ;
tout là-bas chez ma mère dans mon village, loin, bien loin,
et j’ai oublié le chemin. »

Reprise du choral. Fin du choral.

« Si on allait, si on allait !… » « Tu sais bien que c’est défendu. »
« On sera vite revenus,
et personne n’en saura rien ! »