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LA GRANDE PEUR

fait bouger le battant de sa cloche ; puis une deuxième bête s’inquiète, tandis que la première cloche commence déjà de sonner à coups plus rapides comme quand on prend le trot. Et brusquement, là-bas, sous l’avancement de la roche, ce fut comme quand on met le feu à un tas de paille, à cause de toutes ces sonnailles qui montèrent brusquement dans l’air avec leur bruit, puis se sont répandues en larges cercles de tout côté et à plat dans le pâturage, tandis que l’air bougeait comme quand on secoue un drap par les quatre coins.

Pourtant, eux ne bougèrent pas.

Ils sont restés étendus, le maître et le neveu sur l’un des lits, Joseph et Barthélemy sur l’autre, roulés étroitement dans leurs couvertures comme des morts, ne laissant voir d’eux-mêmes que la forme d’un corps sous les couvertures à rayures. Une sonnaille détachée des autres venait à présent rapidement à eux avec son tapement sec, puis ce fut le bruit sourd et gras des sabots qui s’écrasaient sur les pierres, parce que la bête venait au grand galop et elle a passé devant la porte du chalet ; mais aucun d’eux ne remuait encore.

C’est seulement Clou qui a levé la tête :