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LA GRANDE PEUR

était heureusement une indication suffisante, de sorte qu’il allait droit contre elle ; et le temps passe.

Il ne sait pas combien de temps s’est passé encore ; à un moment donné, le bois a été derrière lui.

C’était la seconde nuit qu’il ne dormait pas ; et, ayant sa carabine sur l’épaule, avec des cartouches plein ses poches, de nouveau l’idée lui était venue de redescendre.

Sûrement que le pont à présent serait gardé ; mais, ayant glissé une cartouche dans son fusil, il tire un coup en l’air, voilà comment il faut faire ; et il voyait l’air changer de couleur autour de lui, tandis que la carabine pour la seconde fois crachait sa flamme, qui en prolongea le canon un instant en rouge au-dessus de sa tête contre le ciel devenu gris.

Il se disait : « Les munitions ne manquent pas. » Il tire un deuxième coup de fusil.

Alors l’écho lui est venu dessus et les échos l’un après l’autre lui venaient dessus de tout côté, comme si c’était sur Joseph qu’on tirait à présent, à droite, à gauche, en face de lui ; comme s’il commençait une guerre avec beaucoup d’ennemis qui se