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LA GRANDE PEUR

dans le chalet et puis trois avec le troupeau ; restaient Barthélemy et Clou qui étaient occupés, eux, dans le voisinage du chalet.

Barthélemy, ce matin-là, allait et venait avec sa brouette ; Clou, lui, était un peu en dessous du chalet, avec son outil. C’était une place où l’eau qui descendait de la paroi avait une tendance à séjourner, gâtant les racines de l’herbe ; alors il fallait lui percer une issue qui lui permît d’aller plus bas où on en manquait. Il y a ainsi un grand nombre de ces petits travaux de toute sorte dans les montagnes ; il y en a plus que de quoi vous occuper tout le long du jour, si on veut se donner la peine de les bien faire : mais Clou pour le moment ne faisait rien. Comme un mouvement de terrain empêchait qu’on pût le voir, il s’était assis, fumant sa pipe, et était en train d’examiner minutieusement les rochers en face de lui, les parcourant des yeux d’un bout à l’autre, à cause des cachettes qu’il y avait là sûrement, mais il faut d’abord connaître où on aurait le plus de chances d’en trouver ; — pendant que Barthélemy donc allait et venait devant le chalet, et que le maître et son neveu étaient en train de faire la cuite.