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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1908.djvu/17

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science » est un jeu oratoire. On ne peut pas demander à la science ce qu’il n’est pas dans sa nature de nous donner. En admettant même que la science n’ait en rien contribué au bonheur de l’humanité, du moins — et ce n’est pas à négliger — la science étend chaque jour davantage la domination de l’homme sur la nature, augmente la confiance de l’homme en lui-même et lui fournit la paix de l’esprit éclairé.

Dans la dernière partie de son ouvrage, M. Motru étudie le rapport entre la personne et le milieu. Ni le déterminisme des phénomènes psychiques, ni l’hérédité, ni le milieu social n’excluent la force morale de l’homme : au contraire, ils la rendent possible et utilisable. Il s’ensuit que l’appel à la force morale, à la formation des caractères n’est pas fondé sur une illusion, mais sur un pouvoir réel de l’homme.

Voilà, aussi brièvement que possible, la pensée directrice de cet ouvrage. Quoique sollicité par un problème pratique, M. Motru a fait œuvre de science. Il a fait d’abord l’historique de la personnalité humaine, ensuite il a étudié la constitution actuelle de la personne et son rapport avec le milieu. M. Motru passe admirablement en revue toutes les théories rencontrées par lui sur son chemin. Il les expose dans toute leur force, leur fournit au besoin des faits et des arguments nouveaux ; après quoi il expose sa propre théorie en s’appuyant continuellement sur des faits significatifs et nombreux.


REVUES ET PÉRIODIQUES

L’Année philosophique, publiée sous la direction de F. Pillon, ancien rédacteur de la Critique philosophique. Dix-huitième année, 1907, 1 vol. in-8 de 288 p., Paris, Alcan, 1908. — L’unité du recueil est dans la méthode strictement analytique qui s’y trouve constamment appliquée ; il serait difficile d’analyser à leur tour ces analyses. Nous nous bornerons à en recueillir les conclusions. I. La théorie platonicienne de la participation d’après le Parménide et le Sophiste, par Victor Brochard. La thèse de ce mémoire, où toutes les qualités de précision, d’acuité, de clarté, se trouvent appliquées par l’éminent historien au plus difficile des problèmes de l’histoire de la philosophie grecque, se dégage avec toute sa netteté dans le passage suivant, qui fait, en outre, bien comprendre le plan de l’étude : « Entre les deux termes de l’alternative posée par Parménide, on peut tout affirmer de tout et on ne peut rien affirmer de rien, ou encore tout est vrai et rien n’est vrai, il y a un moyen terme qui est de dire : il y a des idées qu’on peut affirmer les unes des autres, et d’autres qui ne peuvent se combiner entre elles. Pour justifier l’alternative, il faut prouver que l’être peut participer au non-être, et le non-être à l’être : voilà ce que le Parménide avait montré pour un cas particulier et ce que le Sophiste établira en général. Mais cela








même n’est pas suftisant il faut encore établir que toutes les idées ne participent pas indistinctement les unes aux autres, mais que leur liaison est soumise à certaines lois ou à certaines régies qui ne relèvent pas du raisonnement seul et que peut seule atteindre une science royale ou divine la dialectique. Voilà ce que le Parménide n’a pas dit et ce que met en lumière le Sophiste. – 11. Les preuves île l’immortalité d’après le Phédon, par n. Roiiier. Les preuves du Phédon sont au nombre de quatre, et leur importance a été appréciée de façon fort différente par les commentateurs, suivant la conception qu’ils se sont faite des rapports entre l’idée et l’àme. Pour Zeller, spécialement, l’àme dérivée, engendrée, particulière, ne fait que participer à 1 » réalité, tandis que l’Idée, primitive, particulière, est un universel et un absolu ; l’éternité de l’Idée ne suffit donc pas à prouver l’immortalité de l’àme, et les arguments les plus importants du Phéilon sont ceux qui sont extérieurs à ! a théorie proprement dite des Idées. M. Kodier est convaincu du contraire et il nous en a convaincu par son analyse. Pour lui, l’àme n’e, t qu’une Idée pius complexc et l’Idée qu’une àme plus simple, ou, pour mieux dire encore l’Idée est un intelligible conscient, l’âme est la conscience d’un intelligible. •• La preuve principale du Phédon, celle qui est supposée par les autres, est la troisième, où l’immortalité de l’âme est le corollaire de l’immortalitéde la raison. – III. Coup d’util sur lesgéométries non métriques, par Georgiis LEchalas. Les travaux dont s’occupe ici M. Lechalas ont été rendus familiers à nos lecteurs par les travaux de MM. Russell, Whitehead, Couturat, et par plusieurs articles de M. Lechalas lui-même, en particulier par l’étude consacrée, en janvier 1904, à li Géométrie analytique c rjénérale de M. de Tilly. IV. Les lois de la nature selon il. K. Boulroux, par F. I’iu.on. Étude critique consacrée à l’examen comparé de la thèse de 187’t et du cours de 1S92-1S93, aux rapports des conclusions de M. Boutroux avec le positivisme, l’empirisme de Stuart Mill et de