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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/236

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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

gement des chariots. L’époux donne l’exemple, en chargeant le premier sur ses épaules un des matelas du lit nuptial ; mais les jeunes gens lui barrent le chemin de la chambre, et bien souvent jettent sur lui tous les autres matelas, et l’en accablent, pour faire allusion sans doute au fardeau qu’il va s’imposer. Les jeunes amies de l’épouse rangent tous les meubles avec le plus grand soin, garnissent chaque pilier de fleurs qu’on laisse sécher et tomber d’elles-mêmes.

Enfin arrive le jour du mariage ; il est célébré à la paroisse de la fiancée. L’époux, accompagné d’un ecclésiastique de son village, de ses plus proches parens et des paralymphes, se rend en grand cortége à la maison de sa future ; dès que les mugliacheri (gens de la noce) paraissent sur le seuil de la porte, la jeune fille se précipite aux genoux de sa mère pour lui demander sa bénédiction ; celle-ci la bénit, la console, et la confie au prêtre de l’autre village, tandis que l’époux est remis à celui de la mariée. Les deux troupes séparées s’acheminent vers l’église au son des doubles flûtes, au bruit du carillon des cloches et de la mousqueterie[1]. On se réunit pour le repas chez les parens de la femme ; c’est là que les deux époux, assis pour la première fois l’un à côté de l’autre, doivent manger un potage dans la même écuelle et avec la même cuillère.

Bientôt, à un signal donné, on arrache l’épouse des bras de ses parens pour l’asseoir sur un cheval richement enharnaché qui doit la porter en pompe à sa nouvelle habitation. Les joueurs de launedda précèdent la mariée de quelques pas ; celle-ci, dont un homme à pied tient le cheval par la bride, occupe la place d’honneur à droite de l’époux, qui se tient toujours sur la même ligne. Les parens et amis, formant une longue file, marchent aussi deux à deux, les

  1. En Corse, on continue à tirer des coups de fusil, même dans la maison et pendant le repas de noces, surtout lorsqu’on porte des santés ; alors on va souvent jusqu’à tirer des coups de pistolet sous la table.