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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/294

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VOYAGES.

attraits les plus puissans, surtout aux yeux des Espagnols d’origine, sont leurs pieds, qui sont d’une petitesse et d’une délicatesse remarquables. Pour jouir de la promenade, elles prennent le vêtement de tapadas, costume inventé probablement par des moines ou par le démon de la tentation, pour voiler à tous les yeux les démarches les plus équivoques. Quelques voyageurs ont déjà parlé de ce costume : il consiste en une jupe collante, nommée saya, faite ave beaucoup d’art, et formée en entier, de plis serrés qui, en pressant le corps, dessinent les formes plus nettement encore que les draperies mouillées des sculpteurs. Ce saya est fabriqué avec un mélange de soie et de laine très-fine de Guanaco. Il est ordinairement de couleur noire ou marron, et plus rarement de couleur verte. La mantille s’attache au milieu du corps, s’élève sur la tête qu’elle enveloppe, et retombe sur la face qu’elle cache ; les mains, croisées sur la poitrine, en retiennent les bords, et ne laissent passer qu’un faible jour, à travers lequel un long œil noir se dirige à volonté et peut parler sans crainte. Cette mantille est en soie noire, et quelques jeunes femmes, moins revêches en apparence, la conservent, mais avec le visage découvert. Chaque soir, sous les portales de l’ancienne place Royale, les tapadas à la mode vont étaler leurs formes voluptueuses, et presque toutes les dames de Lima jeunes et jolies ne sortent jamais sans ce costume si favorable aux amours.

La masse de la population du Pérou est noire, et