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RELÂCHE À LIMA.

de Callao ne nous ont présenté que le marocyste pomifère, remarquable par ses frondes entières, non dentées, et par ses formes grêles. Tel est l’aspect d’un pays visité chaque année par un grand nombre d’Européens, et où, malgré un court séjour et des excursions bornées, nous nous sommes cependant procuré plusieurs espèces nouvelles d’oiseaux.

Parmi les rapaces, je mentionnerai ici en première ligne deux cathartes, que les lois du pays défendent et protégent contre toute agression, et dont les habitudes sont devenues tellement familières, qu’on les voit n’éprouver nulle crainte, et vivre comme des oiseaux de basse-cour au milieu des rues et sur les toits de chaque maison. Leur utilité est d’autant mieux appréciée sous une température constamment élevée, et sous un ciel où vit la race espagnole, que ces oiseaux semblent seuls chargés de l’exercice de la police relativement aux préceptes de l’hygiène publique en purgeant les alentours des habitations des charognes et des immondices de toute espèce, que l’incurie des habitans sème au milieu d’eux avec une indifférence apathique. On m’a dit qu’une amende assez forte était imposée à quiconque tuait un de ces oiseaux, et le public, en entier, témoigna un assez vif mécontentement une fois que, cherchant à procurer à nos collections un de ces vautours, je tirai sur un groupe de plusieurs individus. L’aura ou catharte à tête rougeâtre, qui existe en abondance dans toute l’Amérique méridionale, est beaucoup moins commun à Lima que l’urubu ou catharte à tête noire.