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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/67

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SOUVENIRS D’ORIENT.

domestique ne trouva d’autres provisions que quelques œufs et une cruche d’un miel délicieux. Je nolisai alors une barque, et l’expédiai à l’île Longue (Macronisi). Il me protesta de l’empressement qu’il mettrait à revenir nous apporter des vivres, et s’engagea par les sermens les plus saints. Nous ne le revîmes plus, et j’appris qu’effrayé par la tempête, il avait trouvé plus commode de retourner m’attendre à Égine, où il savait que je devais revenir.

Cependant le vent s’était un peu calmé ; nous appareillâmes avec deux ris dans les voiles, le cap sur Zéa (l’ancienne Céos). Nous apercevions depuis long-temps les hauts sommets grisâtres de cette île montueuse, qui donna le jour au poète Simonide, et qui vit le pasteur Aristée se livrer à l’éducation des abeilles. Yolis, et les quatre villes florissantes que renfermait l’antique Céos, sont maintenant remplacées par une petite bourgade d’une fort médiocre apparence, située au fond d’une baie profonde. Les bâtimens craignent de s’engager dans ce hâvre, parce qu’il leur est très-difficile d’en sortir lorsqu’ils y sont entrés : on préfère en général le beau mouillage de Port-Mandrier, qui offre un abri non moins sûr, mais dont la sortie est beaucoup plus commode. C’était là que le Palinure s’était réfugié. Il appareilla en même temps que nous, et entra dans le golfe formé par les terres de l’Attique, l’Eubée, Andros et Zéa.

Nous approchions du cap d’Oro ; ce cap, où fut dispersée la flotte des alliés au retour de la guerre de Troie, est peut-être le point de la Méditerranée le plus redouté des marins ; heureusement le vent du nord avait épuisé sa violence. Une molle brise d’est nous força de louvoyer et d’aller reconnaître la petite ville de Carysto, qui est