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DU CHOLÉRA-MORBUS.
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qu’a donnés Kempfer sur la colique endémique, à laquelle les Japonais appliquent spécialement le nom de Senki, ne laissent point douter de son identité avec le Vishuchi des Indous et le Mordexim des Arabes. D’après son témoignage oculaire, cette étrange affection attaque les indigènes et les étrangers. Ses symptômes sont des douleurs violentes dans les intestins, s’étendant à tout l’abdomen et aux reins, et causant une convulsion générale des muscles, avec des spasmes, un gonflement et des élancemens aigus. Ce mal résiste, selon le même voyageur, à tout moyen curatif autre que l’acupuncture, faite avec une aiguille d’or ou d’argent, à une demi-distance du nombril et du creux de l’estomac, ou plus près ou plus loin, selon le jugement de l’opérateur, qui fixe aussi le nombre de piqûres et leur profondeur d’après les circonstances de la maladie. On fait ordinairement trois rangées de ces piqûres, à un demi-pouce les unes des autres, et il y a trois piqûres dans chaque rang.

Les médecins japonais accompagnent l’usage de ce moyen de guérison d’une multitude de pratiques dont le seul objet semble être d’accroître dans l’opinion du malade l’importance de l’opération : ils prétendent que l’aiguille parvient au siége du mal, et que, par les issues qu’elle ouvre à la matière morbifique, la maladie prend son cours au dehors.

Il est extraordinaire que, dans la persuasion où sont un assez grand nombre de médecins indiens que le Choléra pestilentiel est cette même colique endémique des régions orientales de l’Asie, aucun d’eux n’ait cherché à y remédier par le moyen qui paraît obtenir au Japon un succès complet. Les médecins anglais du Bengale, qui depuis quinze ans ont essayé tant de moyens divers, et toujours infructueux, contre le Choléra, n’auraient pas omis d’employer celui qu’indique le voyageur Kempfer, si le fléau qu’ils avaient à combattre avait été reconnu pour être la maladie appelée Senki par les Japonais, Vischuchi par les livres sanscrits, et Mordexim, Shani ou Nicomben dans les dialectes modernes de l’Inde.

Un missionnaire portugais, le frère Paolino de San-Bar-