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VARIÉTÉS.

avec 119,093 ouvriers ; en 1828, les premiers s’élevaient à 5,244, les seconds à 255,414. Les gouvernemens de Moscou, de Vladimir, de Nijni-Novogorod, de Tambov, de Kalouga, d’Olonetz, se distinguent entre tous les autres par leur activité industrielle. Mais ce n’est pas seulement dans la fabrication des cuirs, du savon, du caviar, de la colle de poisson, des chandelles, de l’huile, de la toile à voile, des cordages, des nattes d’écorce d’arbre, de l’eau-de-vie de grain, de la carrosserie et de la bijouterie qu’on remarque ces progrès : la soierie, la verrerie, les draps, la papeterie, la faïence, la porcelaine, plusieurs articles de quincaillerie grosse et fine, d’armurerie, comptent aujourd’hui plusieurs manufactures dont les produits peuvent rivaliser avec ceux des meilleures fabriques de l’Europe. Lors de l’exposition des produits de l’industrie nationale, à Moscou, en 1830, on a vu des draps provenant des fabriques du comte Komarovsky, du prince Nicolas Troubetzkoï, etc., qui n’offraient aucune différence avec les plus beaux draps des fabriques françaises et anglaises. Les plus beaux cachemires de la fabrique de madame Merline, dans le gouvernement de Penza, se sont vendus jusqu’à 15,000 roubles la pièce ; les cristaux de M. Maltzov, et la porcelaine de M. Bakhmetev, ne le cèdent qu’aux cristaux et à la porcelaine des fabriques impériales, dont les produits, à quelques exceptions près, sont comparables avec tout ce que l’Europe offre de plus beau en ce genre. Les filatures et les manufactures de coton ont fait des progrès extraordinaires dans quelques gouvernemens ; celui de Vladimir les surpasse tous pour l’importance de ses produits en ce genre. La ville de Chouïa et Ivanovo, village appartenant au comte Scheremetiev, peuvent être regardés comme le centre de cette fabrication, qui, en 1828, n’employait pas moins de 15,612 métiers à tisser, et 24,217 ouvriers, sans compter les fabricans et leurs familles. Ce développement de l’industrie est dû en grande partie au nouveau système adopté par quelques manufacturiers de n’employer que des ouvriers libres et bien payés. Le gouvernement à son