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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/245

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MŒURS RELIGIEUSES DU MEXIQUE.

image de la Vierge, d’un saint ; leur culte est le même, ils n’ont fait qu’adopter de nouvelles idoles.

La connaissance du vrai Dieu et l’épuration des mœurs n’étaient pas le but où tendait cette basse milice de moines ; attirer les Indiens dans leurs églises, les attacher aux objets extérieurs du culte ; absorber leur argent, leur or, leurs pierres fines ; leur inoculer une espèce d’horreur pour tous les hérétiques, qu’on représentait comme des monstres possédés du démon, et dont la seule vue flétrissait le vrai catholique ; se donner, eux seuls, parmi tous les peuples, comme vrais croyans : voilà ce que voulaient les moines, et ce qu’ils ont obtenu après trois siècles d’efforts inouis, et le massacre de trente millions d’Indiens. Cette politique était d’accord avec celle de Madrid, qui avait un intérêt immense à mettre entre les mains des Indiens les armes du fanatisme, à élever une barrière insurmontable à toutes les nations rivales, et à faire du Mexique comme une vaste forteresse dont on ne pût approcher sous peine de mort. Ces considérations sont si vraies, que les moines permirent l’amalgame des usages idolâtres avec les rits catholiques. Ce qu’on a reproché aux jésuites de la Chine au sujet des cérémonies, a été toléré par les moines de la Nouvelle-Espagne ; aujourd’hui encore, à deux lieues de Mexico, dans le beau temple de Guadeluppe, on permet aux Indiens, pendant l’office divin, les danses que leurs pères exécutaient autour de la pierre du sacrifice. Des usages barbares existent encore dans la province de la Vera-Cruz. Une fille, dans certaines localités n’est pas déshonorée si elle accouche et détruit son enfant loin de toute habitation ; la prostitution est comme publique[1], les hommes, pour quelques réaux, offrent aux étrangers leurs femmes et leurs filles. Dans un pays où les prêtres exercent une influence illimitée et un despotisme que la révolution

  1. En 1826, un monstre, appelé Lapinacata, colportait publiquement des loteries de prostitution. Telle et telle demoiselle devait être le prix du gagnant.