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ÎLE DE ROTUMA.

tante parure, voulant ainsi assurer à leur postérité les mêmes jouissances qu’ils avaient eues. Avouons que cet exemple de prévoyance d’un peuple sauvage pourrait être mis à profit par plus d’une nation civilisée.

Quand j’étendis mes courses dans l’intérieur des terres, à travers des sentiers étroits et parfois raboteux, je ne m’aperçus pas que le luxe de la végétation diminuât le moins du monde, et les grands arbres qui ombrageaient la route, défendaient le piéton des ardeurs d’un soleil brûlant, rendant ainsi la promenade sous ces voûtes de feuillage aussi agréable par la fraîcheur de l’air que par la beauté du paysage. Les fleurs brillantes de l’hibiscus tiliaceus et de l’huth ou barringtonia speciosa, dont les pétales sont blancs et les étamines rayées de rouge, mélangées à d’autres espèces moins remarquables et aux plantations de Vahan ou taro, arum esculentum, enchantent la vue par une variété infinie de couleurs. Ces insulaires possèdent plusieurs espèces de la canne à sucre, et la mangent dans son état naturel. Une petite variété de l’igname, plus ordinairement connue sous le nom de pomme de terre de Rotuma, l’ulé des indigènes, est très-abondante ; l’ulu ou arbre à pain, le péri ou plantain, et plusieurs autres espèces de fruits témoignent suffisamment de la fertilité de l’île. Des petits bouquets d’arbres composés de toa ou casuarina equisetifolia, plantés près des villages ou des cimetières environnans, ajoutent encore à la beauté du paysage.

Quelques jours après mon arrivée, le hasard me fit découvrir un endroit qui attira mon attention. Je venais de traverser un village nommé Shoulnau. Après avoir gravi une colline qui était ombragée par des arbres magnifiques, je descendis vers la grève ; de là