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ÎLE DE ROTUMA.

cheveux, qu’elles rasent encore, en signe de deuil, à la mort d’un chef ou de leurs parens.

La cérémonie du mariage se pratique de la manière suivante : les deux futurs époux se rendent sur le bord de la mer, se mettent dans l’eau jusqu’à la ceinture, revêtus chacun de sa natte. Là, ils sont barbouillés de rang ; ils sortent ensuite de l’eau, après quoi on leur présente de nouvelles nattes ; on donne un grand repas pour terminer la cérémonie. La polygamie est permise à Rotuma, comme dans la plupart des autres îles polynésiennes.

Au milieu de leurs villages se trouve un terrain vide qu’ils balaient soir et matin : ce terrain est planté de fifaus, leur arbre favori, ou de toas (casuerina equisetifolia), dont le bois est fort estimé chez eux, et que les Européens ont nommé bois de fer, à cause de sa consistance et de sa durée. C’est là que les indigènes viennent, par les fraîches brises du soir, exprimer les douces émotions de l’amour dans des danses molles, vives et légères, ou entremêlent des pas brusques et saccadés de hurlemens épouvantables, quand la danse est comme un présage de guerre.

Les Rotumans sont d’une grande propreté, et l’habitude qu’ils ont de frotter leur corps d’huile de cocotier et d’essence de curcuma fait que leurs vêtemens, comme leurs personnes, répandent une odeur très-agréable. Les articles de commerce qui leur plaisent le plus sont les grains de collier de grande dimension et à brillantes couleurs. Ils recherchent aussi beaucoup les haches, les ciseaux, les dents de baleine, les hameçons, les petits miroirs, etc.

On me pria, un matin, de rendre visite à un chef de haut rang, qui souffrait depuis long-temps d’un mal