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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/331

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ÎLE DE ROTUMA.

d’un réseau brillant, décoraient sa tête. Ce sont là les trophées recueillis par le vainqueur. Lorsque le combat a cessé, tous les morts de l’ennemi, aussi bien que ces trophées, sont présentés au chef le plus éminent du parti victorieux.

Même, en ce combat simulé, c’était chose terrible à voir que ces milliers de massues brandies en l’air par des bras d’athlète doués d’une adresse merveilleuse ; c’était un bruit étrangement assourdissant que les cris et les hurlemens de ces peuples sauvages. Ces massues et les lances qui ont jusqu’à vingt pieds de longueur, sont faites de bois de toa (casuarina equisetifolia). Même dans cette petite île, les hommes ont la fureur de s’entre-détruire, et cette disposition cruelle n’est pas médiocrement excitée par leurs chansons de guerre.

Un fait confirmera ce que nous avons dit du penchant irrésistible de ces peuples à quitter leur terre natale. Lorsque nous faisions nos préparatifs pour nous rendre à Erromanga, ils vinrent en grand nombre offrir au capitaine du vaisseau des paniers de pommes de terre et des cochons, pour qu’il les emmenât avec lui. Nous en prîmes avec nous deux cents dans le dessein de les employer à Erromanga à couper du bois de sandal. Cependant, lorsque nous arrivâmes dans cette île, la mort y exerçait ses plus cruels ravages. Des troupes entières des naturels des îles voisines, qui y avaient été transportés par d’autres vaisseaux, avaient succombé. Dans cette extrémité, nous retournâmes à Rotuma, où nous arrivâmes tous sains et saufs. Je n’ai jamais pu m’expliquer cette parfaite indifférence avec laquelle ils quittent leurs parens et leurs connaissances pour suivre des hommes qui diffèrent avec eux