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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/401

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CHRONIQUE HÉBRAÏQUE.


— Femme de Zimram, ajouta le grand-prêtre, acceptez-vous l’acte de divorce ?

Ces mots la font tressaillir ; effrayée et soumise, elle dit oui, mais si bas, si faiblement, qu’on aperçut le mot plutôt qu’on ne l’entendit.

— Joignez vos mains ! lui dit le grand-prêtre.

Ses deux mains blanches se joignirent l’une à l’autre.

L’anneau d’or brillait seul au doigt annulaire.

— Rendez à votre époux la bague d’alliance.

— Grâce ! grâce ! s’écria-t-elle d’une voix touchante ; elle n’obéit pas.

Zimram s’avança ; sa main brune et nerveuse saisit la main de Tirtza et la dépouilla brutalement de cette bague. Tirtza ne fit aucun effort pour l’en empêcher.

Puis le grand-prêtre ploya l’acte de divorce en quatre, et le remit au mari.

— Gardez-le, lui dit-il, jusqu’à ce que je vous dise de le faire passer dans les mains de la femme que vous répudiez. Et vous, Zébul, vous Elipheled ; vous, témoins, soyez attentifs.

— Zimram, maintenant dites à la femme qui bientôt cessera d’être votre Tirtza : « Je ne veux plus de toi. »

— Tirtza, dit Zimram ; mais sa voix faiblit, il ne put achever »

Tirtza était à ses pieds, suppliante, levant sur lui ses grands yeux noirs, dont l’expression était ineffable.

— Grâce, seigneur, disait-elle avec effroi, grâce, je suis si jeune, ayez pitié de moi[1].

Alors une rumeur sourde s’éleva dans la foule, on regarde ; c’était un jeune homme qui se frayait un passage dans la foule, tête baissée, s’aidant des pieds et des mains, il arrive enfin près des époux, haletant, épuisé.

  1. À Jérusalem, le peuple punissait de mort et lapidait la femme accusée d’adultère.