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RÉVOLUTION POLONAISE.

preuves, d’avoir fondé la dictature, et dirigé l’esprit indolent de Chlopicki.

La lecture de toutes ces pièces se prolongea jusqu’au lendemain ; Lelewel prit ensuite la parole, et dans un long discours accusa Lubecki de duplicité envers Nicolas et la Pologne.

En effet, il ne fallait qu’un simple résumé de la conduite de Lubecki pour prouver la vérité de cette assertion :

1o Lubecki, en sa qualité de membre du conseil d’administration, s’était montré un des hommes les plus actifs de la révolution ;

2o Il avait transformé l’autorité constitutionnelle en un véritable gouvernement révolutionnaire ;

3o Il avait propagé lui-même l’esprit de la révolution, et facilité son développement ;

4o Il avait fait prévaloir cette opinion, que, « sans rompre les rapports qui existaient entre les Polonais et Nicolas, il fallait engager une lutte, et même une guerre, entre le monarque absolu de la Russie et le roi constitutionnel de Pologne ; »

5o Il avait déclaré publiquement au conseil, que « le gouvernement provisoire ne pouvait donner ordre aux troupes nationales d’aller propager l’insurrection dans la Lithuanie et dans les autres provinces russo-polonaises, mais qu’il devait seulement favoriser l’invasion de ces provinces par les volontaires, et que ce n’était qu’alors, paraissant plutôt entraîné par la force des choses qu’agissant de son propre gré, qu’il devait y envoyer des troupes régulières ; »

6o D’un autre côté, et par une contradiction palpable, envoyé avec Jezierski en députation auprès du czar, au lieu de l’éclairer sur la véritable situation des choses, il l’avait tenu dans une telle ignorance des affaires de la Pologne, que l’autocrate, trompé par ses insinuations, avait fulminé contre elle ses proclamations sanguinaires ;

7o Enfin, resté à Saint-Pétersbourg, Lubecki jouait auprès