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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

Lobkovitz, gouverneur-général de la Gallicie ; encore qu’y trouvait-on ? Le simple désir de l’empereur François de voir les Polonais se soumettre à Nicolas. Et c’est dans cette lettre que l’honorable comte voyait des traces de l’amitié de l’Autriche ! Il parla ensuite de négociations secrètes qu’il ne pouvait dévoiler au gouvernement national. Battu sur ce point, il demanda qu’on lui procurât les moyens de fournir des vivres et des fourrages aux troupes autrichiennes à leur entrée en Pologne. Cette ruse ne lui réussit pas davantage, quoiqu’il parlât en présence de Czartoryski, dont le père, ne pouvant obtenir la couronne de Pologne par la protection russe, s’était jeté dans les bras de l’Autriche, et était devenu feld-maréchal dans ses armées. Niemoïowski déclara que le joug de la Russie était préférable à celui de l’Autriche, et Lelewel dit qu’il n’ignorait pas les trames ourdies dans ce but depuis plusieurs années ; mais, ajouta-t-il, de telles espérances sont vaines : l’antique haine des Polonais pour cette puissance n’est pas sans motifs, la politique du cabinet de Vienne est toujours la même. Quant aux troupes autrichiennes, le gouvernement décida que, n’étant point appelées, elles seraient traitées en ennemies[1].

À cette occasion, le bruit courut dans la chambre des nonces que Lelewel avait menacé de faire pendre quiconque proposerait l’alliance de l’Autriche. D’autres bruits non moins ridicules circulaient dans le public : on parlait d’un armistice, d’une négociation avec les Russes, et l’on assurait que le général Krukowiecki parlementait dans ce but avec le général Witt. Il est vrai que, sur l’ordre de Radziwill, le colonel Mycielski avait assisté à cet entretien ; mais on n’en croyait pas moins à des intrigues parmi les généraux, et l’inquiétude régnait dans l’armée, dans le public, dans la diète, et au sein même du gouvernement national.

  1. Malachowski, dégoûté lui-même de ces intrigues, a fini par renoncer à son titre de comte, et s’est déclaré un des plus chauds défenseurs du gouvernement national.