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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

sivaïsme, se montre avec éclat dans la religion de Vishnou.

Deux fois Vishnou s’incarne comme héros dans la race des Kshatriyas : à Ayodhya d’abord, en la personne de Rama, à Mathoura ensuite, dans celle de Crishna. Conquérant du Décan et de l’île de Ceylan, Rama chasse le dieu Scanda et les guerriers sivaïtes. Tel est le sujet du Ramayana, épopée sublime. En sa qualité de Crishna, Vishnou prend parti, dans une guerre civile, pour la ligue des Pandous, qui embrassent sa doctrine, contre la ligue des Courous, sectateurs de Siva ; puis il promène les Pandous en triomphateurs dans une grande partie de l’Inde. Tel est le sujet de l’autre épopée, non moins grandiose, le Mahabbarata.

Les Kshatriyas, tels qu’ils apparaissent dans le Mahabharata, sont pleinement émancipés de la tutelle sacerdotale ; ils marchent sous les bannières d’une religion héroïque qui, ayant, à la vérité, été adoptée par les Brahmanes, a revêtu des formes et un caractère étrangers à son origine. Tous les peuples de l’Inde septentrionale étaient engagés dans cette guerre, source d’émigrations nombreuses, et qui certainement ne fut pas sans importance pour les destinées des tribus héroïques de la Transoxane, dont les rapports ont été des plus intimes avec les Kshatriyas de l’Inde.

La réforme de Zoroastre est évidemment émanée de la religion de Vishnou, et, de tous les dialectes du sanskrit, le zend est celui qui se rapproche le plus du souraséni, parlé à Mathoura, lieu où Crishna s’est manifesté. Sourya, surnommé Mahat, le grand, le divin soleil ; en zend, Ahouro Mazdaë ; Hormisdas ou Oromaze chez les Grecs, Or-Muzd dans la défiguration du persan moderne ; tel est le dieu invoqué par Zoroas-