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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/476

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LITTÉRATURE.

Don Félix.

Ah ! toujours votre haine invétérée, inexplicable… toujours un cœur froid et immobile comme l’airain… Si vos projets ne frappaient que moi… je pourrais trahir ma propre cause… m’abandonner moi-même. Mais seul défenseur de deux femmes dont vous voulez faire la perte, je ne les délaisserai point ; quoi qu’il arrive, je les protégerai toutes deux contre vous…

Le comte, dont les yeux s’allument.

Es-tu sûr de pouvoir te protéger toi-même ?…

Don Félix.

Oui, quand on a l’équité pour soi… et quand don Pèdre est roi de Portugal… Mon père, vous m’y forcez ; ce moyen est horrible… mais j’irai au roi… Vous savez comment il punit l’adultère…

Le Comte, au comble de la fureur.

Tu irais au roi ?…

Don Félix.

Si vous m’y forcez…

Le Comte, tirant sa dague.

Je ne sais comment il punit l’adultère… Mais voici comment je punis le parricide…

(En ce moment la comtesse, attirée par le bruit, paraît dans le fond.)
Don Félix.

Frappez donc… Il y a un crime entre nous deux… J’aime mieux que vous vous en chargiez… En m’ôtant la vie, vous sauvez peut-être la vôtre…

Le Comte.

Une dernière fois, misérable fils, obéiras-tu ?

Don Félix, d’une voix ferme.

Non !…

Don Félix.

Eh bien !…

La Comtesse, se précipitant sur le comte, à qui elle cherche à arracher sa dague.

Vous ne tuerez pas mon fils !…