Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
456
LITTÉRATURE.

La Comtesse.

Qu’en savez-vous ?…

Le Comte.

Un valet de dona Maria que j’ai gagné m’a tout dit, trop tard malheureusement. Don Félix a enlevé celle que je lui défendais même de voir… Mais qu’il ne s’imagine pas m’échapper. Holà, Pérez ! (paraît un intendant) Des chevaux, fais armer mes gens en guerre, et qu’ils se tiennent prêts à partir dans un instant (Pérez sort). Mais de quel côté sont-ils allés ?… Quelle route ont-ils suivie ?… (Avec fureur.) Madame, de quel côté sont-ils allés ?…

La Comtesse.

Seigneur, en vérité, je ne le sais pas…

Le Comte.

Et moi, je vous dis que vous le savez et que vous le direz…

La Comtesse.

Jamais…

Le Comte.

Vous le savez donc ?

(Il lui serre le bras avec violence.)
La Comtesse.

Non, en vérité, je vous proteste…

Le Comte.

Il me faut ce secret, il me le faut à tout prix ; je l’aurai… Comtesse, songez-y, pour aller à un but, je n’ai jamais reculé devant un chemin souillé de sang… J’ai des moyens auxquels vous céderez : je ne vous parlerai pas ici de poignard de Tolède… J’ai des instrumens de vengeance plus terribles… des armes plus puissantes… un secret que je puis révéler…

La Comtesse.

Ah ! seigneur comte, vous n’auriez pas cette cruauté !… elle retomberait sur vous.

Le Comte.

J’aime mieux mourir sur le cadavre de mon ennemi que de ne pas le tuer… Révélez-moi ce que je veux, madame…