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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/496

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LITTÉRATURE.

Don Félix.

Mais vous n’êtes plus la mère d’un parricide… Ô mon Dieu, je te rends grâce !…

La Comtesse.

Et maintenant, t’ayant justifié, je vais te sauver. Demain je proclamerai ma faute devant la cour, et le roi te fera grâce.

Dona Maria.

Est-il possible !…

Don Félix.

Non !…

La Comtesse.

Comment !…

Don Félix.

Vous voulez que j’achète la vie au prix du déshonneur de ma mère et du mien !…

La Comtesse.

Qu’est-ce que cela auprès de ce nom inoui de parricide jeté sur notre maison comme un voile noir sur une statue ?…

Don Félix.

Quoi que vous puissiez me dire, ma mère, ce nom ne disparaîtra jamais… rien ne peut purifier une existence de pareilles taches. Non ; cette révélation allége ma conscience, votre main a rendu des ailes à mon âme pour s’envoler vers le ciel ; mais sur la terre mon destin est accompli.

La Comtesse.

Ne le crois pas…

Don Félix.

D’ailleurs, dussé-je être disculpé hautement, pourrai-je l’accepter à ce prix !… Quoi ! vous, si bonne, si douce, qui n’avez eu d’autre crime qu’un moment d’égarement, renoncer à une réputation de vingt années, rechercher au fond de votre conscience une faute commise depuis si long-temps et expiée par tant de souffrances ! redevenir criminelle, accusée, victime peut-être !… Savez-vous jusqu’où don Pèdre peut