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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/521

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MOEURS DES BRIGANDS ARABES.

course, quelque périlleuse que soit cette expédition, il n’en dit mot à ses amis les plus intimes, se contentant de faire prendre par sa femme ou sa sœur un petit sac plein de farine et de sel. À toutes les questions qu’on lui adresse sur le but de son voyage, il répond : « Ce n’est pas votre affaire ; » ou bien il fait la réponse favorite des Bédouins : « Je vais où Dieu me conduit. »

Un père dont le fils a été fait prisonnier (ou rabit) sacrifie souvent tout ce qu’il possède pour payer sa rançon, parce qu’il regarde comme un honneur d’avoir un fils qui exerce la profession de haramy, et qu’il espère être bientôt récompensé de ce sacrifice par le succès d’une expédition plus heureuse.

Quelquefois le rabit obtient sa liberté sans payer de rançon, ou bien pour une modique somme ; cela arrive, en général, quand les rigueurs de son emprisonnement ont mis sa vie en danger ; car, s’il périt dans les fers, son sang retombe sur la tête du rabat. Un Arabe fier et généreux dédaigne d’employer les moyens que nous venons de décrire pour s’assurer de son prisonnier ; mais on ne trouve pas beaucoup d’exemples de cette générosité.

Les Arabes n’approchent jamais à pied, ou en petit nombre, d’un camp ennemi, si ce n’est dans le but de voler. Pour l’attaquer à force ouverte, ils viennent montés sur des chevaux ou sur des chameaux ; et quand ils échouent dans cette tentative, on les traite comme de francs ennemis, et non comme des voleurs : on les pille, on les dépouille, mais on ne les retient pas en captivité. Au contraire, quand un Arabe rencontre un ennemi sans armes et à pied, il reconnaît que c’est un haramy qui vient dans l’intention de voler, et il a le droit de le constituer son rabit, pourvu qu’il réussisse à le prendre dans un endroit d’où il puisse regagner son propre camp, ou les tentes de quelque tribu amie, avant le coucher du soleil. Dans ce cas, on présume que l’ennemi avait l’intention de voler le camp la nuit qui devait suivre le jour où il a été pris. Mais, si l’endroit où