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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/236

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REVUE DES DEUX MONDES.

Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui
Envie un autre humain qui se plaint comme lui.
Nul, des autres mortels, ne mesure les peines
Qu’ils savent tous cacher comme il cache les siennes ;
Et chacun, l’œil en pleurs, en son cœur douloureux
Se dit : — Excepté moi, tout le monde est heureux.
— Ils sont tous malheureux. Leur prière importune
Crie et demande au ciel de changer leur fortune.
Ils changent ; et bientôt versant de nouveaux pleurs,
Ils trouvent qu’ils n’ont fait que changer de malheurs.


iv.


Je veux qu’on imite les anciens.
-Tiré d’Oppien.-


.......Comme aux bords d’Eurotas
Lorsqu’une épouse est près du terme de Lucine,
On suspend devant elle, en un riche tableau,
Ce que l’art de Zeuxis anima de plus beau ;
Apollon et Bacchus, Hyacinthe, Nérée,
Avec les deux Gémeaux leur sœur tant désirée.
L’épouse les contemple ; elle nourrit ses yeux
De ces objets, honneur de la terre et des cieux ;
Et de son flanc, rempli de ces formes nouvelles,
Sort un fruit noble et beau comme ces beaux modèles.


v.

Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles,
Se baisent. Pour s’aimer les dieux les firent belles.
Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat.
Leur voix est pure et tendre, et leur ame innocente,
Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante.
L’une a dit à sa sœur : — Ma sœur .....
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