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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/411

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LITTÉRATURE ANGLAISE.


Cet écrivain célèbre est très petit de taille ; son caractère est obligeant ; il est recherché dans sa parure et très aimable dans le monde.


Wilson. — La partie occidentale de l’Écosse a produit Burns, Grahame, Campbell et Wilson[1]. Il est né en 1789 à Paisley. Son père, homme fort riche, lui fit donner une éducation classique d’abord à Glascow, puis à Oxford, où il obtint des succès éclatans. On couronna une de ses compositions en vers, intitulée : la Sculpture antique, œuvre qui promettait un talent remarquable.

    Rookh, le même défaut se joint à une surabondance de couleur locale, qui approche quelquefois du pédantisme.

    L’école de Thomas Moore, son style orné, et, pour ainsi dire, composite, sa prose scintillante, sa verve quelquefois affectée, et qui, dans ses élans érotiques, manque trop souvent d’abandon et de naïveté ; le mélange de prétention à la science orientale et de grace recherchée qui caractérisent sa manière, ont obtenu un grand succès dans le monde fashionable, il y a quelques années. Mais ce vernis d’élégance commence à s’écailler et à tomber ; mais cette surabondance d’ornemens commence à n’être plus de mode ; mais on s’aperçoit déjà que Thomas Moore a usurpé la place de poète de premier ordre, et que le ranger au niveau de Scott et de Byron, c’est assigner à sa Muse coquette et fleurie un rang trop élevé pour elle. Sans doute, il y a beaucoup d’esprit, de facilité et d’éclat chez ce poète ; mais la conception de ses œuvres manque de force, et la sévérité du goût, la grandeur des idées, la puissance de la passion, se laissent trop rarement remarquer dans ses écrits.

  1. Aujourd’hui rédacteur en chef du Blackwood’s Magazine, Robert Wilson exerce une très haute influence sur la littérature d’Écosse. C’est surtout comme prosateur qu’il est remarquable, par l’abondance de sa diction, le libre emploi de tous les idiotismes vulgaires, qu’il relève et fait valoir par le mélange hardi de toutes les couleurs. Il y a plus d’un rapport entre sa prose vigoureuse et la prose enflammée de Diderot. Il soutient le parti conservateur, ou le torysme, dernier débris du jacobitisme antique, et le défend avec éloquence. Wilson excelle dans tous les exercices gymnastiques. C’est un excellent chasseur, un boxeur accompli, un grand amateur de pêche et un bon maître d’escrime. Ses poèmes ont de la verve, de la grandeur ; le spiritualisme exalté qui les anime efface peut-être trop souvent les couleurs et les détails de la vie réelle ; l’élévation, la pureté, la piété, le pathétique, qui manquent à Crabbe, constituent le génie poétique de Wilson, dont la réputation à l’étranger n’est pas aussi haute qu’elle le mérite, et qui, comme la plupart des intelligences variées et inconstantes qui se livrent trop à la critique, a perdu en gloire ce qu’il gagnait en influence.