Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
447
FÊTES DE LA JURA.

derrière Santa-Maria, ainsi que l’escadron de cuirassiers qui fermait le cortège, La foule s’était précipitée à leur suite, afin de revoir la mascarade qui s’allait déployer sous le balcon du salon royal des ambassadeurs, où l’attendaient leurs majestés.

La rue de la Almudena, tout à l’heure encombrée de la double cohue du cortège et du peuple, — pleine de leurs rires, de leurs cris, — tout éclairée de la lumière des torches de l’escorte, — était maintenant silencieuse, obscure et déserte. —

Deux enfans de chœur sortirent de San-Salvador secouant alternativement des sonnettes. Le sacristain et le curé de la paroisse, revêtu des habits sacerdotaux, les suivirent, — le premier tenant une lanterne ; — le second, le saint sacrement ; — marchant tous deux entre six hommes, portant chacun un maigre cierge.

Cette petite procession s’avança lentement dans la rue Mayor. — Je voyais de loin les rares passans qu’elle rencontrait se découvrir et s’agenouiller devant elle sur le pavé. —

Je m’agenouillai aussi. — C’était Dieu qui allait chez un pauvre. C’était sa majesté, — su majestad, qui allait visiter un mourant. —

x.
LES THÉÂTRES.


Lorsque tout était spectacle à Madrid pour les fêtes de la Jura, c’eût été pitié si les acteurs de profession n’avaient pas aussi donné le leur, et n’étaient pas montés à leur tour sur la grande scène. Nul ne faillit à son devoir. Les deux théâtres de la Cruz et del Principe eurent chacun leur représentation de cérémonie. Je vous mènerai, si vous le trouvez bon, seulement à l’une d’elles ; ce sera, je vous le promets, absolument comme si je vous avais conduits à toutes les deux.

Ainsi, la salle del Principe, où nous entrons, avait été pompeusement illuminée et décorée extérieurement et intérieurement. Toutes ses loges drapées de soie rose et blanche à franges d’or et d’argent, et garnies de candélabres à plusieurs branches où brûlait un nombre infini de bougies, étaient cérémonieusement oc-