Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
REVUE DES DEUX MONDES.

aussi une mikania, mais différente des deux espèces dont je viens de parler.

Dans le Guatimala, une autre plante désignée par le même nom et appliquée dans les mêmes cas est encore différente de toutes les précédentes, car sa tige est ligneuse, et la liane entière, par ses racines et ses branches, ressemble à une vigne, lorsqu’elle est dégarnie de ses feuilles. Les premières notions qu’on a eues en Angleterre et en France sur les effets de cette plante viennent de l’ouvrage de M. Thompson, qui, sous le ministère Canning, avait été envoyé pour visiter les Républiques du centre : « Dans ce pays, dit ce voyageur, il y a des serpens dont la morsure tue en vingt minutes ; mais si, avant que les accidens soient devenus trop graves, la personne mordue peut mâcher un morceau de guaco et appliquer sur la blessure la salive imprégnée des sucs de la plante, elle n’a plus rien à craindre. Un jeune homme, ajoute-t-il, ayant dans la main une branche de guaco, saisit une de ces petites vipères dites tamaulipas, dont la morsure tue presque instantanément : l’animal resta immobile et comme engourdi… Le guaco ne sert pas seulement contre la morsure des serpens ; on l’emploie dans le traitement des dyssenteries, des fièvres d’accès et de plusieurs autres maladies. Dans les lieux dont le climat passe pour funeste aux Européens, on en prend comme préservatif. »

Le guaco du Guatimala a été employé aussi contre la fièvre jaune, et tout récemment nous l’avons vu proposer contre le choléra.

Long-temps avant la publication de l’ouvrage de M. Thompson, long-temps avant celle du Mémoire de Mutis, on avait, dans un ouvrage souvent cité et rarement lu, des détails sur des effets tout semblables à ceux du mikania produits par une plante également employée dans la Nouvelle-Grenade, ou du moins sur la frontière. Voici comment s’exprimait à ce sujet, en 1741, le père Gumilla dans son Orinoco ilustrado :

« Que dirai-je de la cure par laquelle, dans le Guayaquil, on rend impuissant le venin des serpens ?

« Ce pays, qui dépend de l’audience de Quito, est situé tout près de la ligne équinoxiale, et l’extrême chaleur, jointe à l’humidité de