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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/593

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MÉLANGES.

tres faits d’histoire naturelle, qui, exagérés, ont dû passer pour des contes, et qui, réduits à leur juste valeur, deviennent des choses toutes simples. Nous voyons tous les jours dans nos jardins, après un brouillard épais, les arbres qui ont les feuilles dures et polies telles que les orangers, les nerions, les lauriers-cerises, tout couverts de gouttes d’eau. Supposons dans un pays chaud un lieu où les brouillards s’amoncèlent sans cesse, les végétaux qui y croîtront en feront autant que nos lauriers-cerises. Sans leur secours, l’eau des nuages absorbée par la terre ne sera d’aucune utilité pour le pays, et retournera à l’océan par des issues cachées. »

Un auteur trop peu connu en France, White, dans son Histoire naturelle de la paroisse de Selborne, avait déjà eu occasion de considérer ce mode d’action par lequel, dans des circonstances particulières, les arbres condensent et versent, sous forme liquide, l’eau qui se trouvait suspendue dans l’atmosphère à l’état vésiculaire.

« Dans les temps d’épais brouillards, les arbres, dit-il, surtout ceux qui occupent des lieux élevés, agissent comme de véritables alambics ; et il est difficile, pour qui n’a pas suivi de près le phénomène, de se figurer quelle quantité d’eau un seul arbre distille dans l’espace d’une nuit. Cette eau qui résulte de la condensation des vapeurs, dégoutte des branches et des rameaux de manière à baigner entièrement le sol. Au mois d’octobre dernier (1775), j’ai vu, par un jour nébuleux, dans la ruelle Newton, un chêne, encore en feuilles, verser une pluie si abondante et si continue, qu’au-dessous, le chemin était couvert d’une boue liquide, et l’eau ruisselait dans les ornières, tandis que partout ailleurs le sol était sec et presque pulvérulent. »

« Les arbres garnis de leurs feuilles, ajoute-t-il un peu plus loin, offrent une surface incomparablement plus grande que ceux qui en sont dépouillés. La condensation qu’ils opèrent doit être beaucoup plus considérable ; mais comme en revanche, ils absorbent bien davantage d’humidité, il est difficile de déterminer à priori lesquels des arbres, feuillés ou non feuillés, doivent laisser dégoutter le plus d’eau. Voici d’ailleurs ce que j’ai pu remarquer, c’est que les arbres caduques, très garnis de lierre, semblent être ceux qui en distillent le plus. Les feuilles de lierre sont lisses, épaisses et froides ; elles