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MÉLANGES.

Cette théorie, qui rend raison de la plupart des faits observés, avait encore cependant besoin d’être appuyée par des expériences directes : M. Macaire s’est chargé de ce soin, et les résultats ont pleinement prouvé la justesse des vues de M. Decandolle.

Pour obtenir les produits de l’exsudation supposée des racines, M. Macaire eut recours à différens moyens. Il essaya de faire vivre des plantes entièrement dans l’air, puis de faire germer des graines dans du sable siliceux pur, dans du verre pilé, sur des éponges lavées, sur du linge blanc. De tous ces procédés, les uns échouèrent complètement, et les autres donnèrent des résulats qui manquaient du degré de précision auquel aspirait le savant expérimentateur. Enfin, pour dernière ressource, il essaya de faire vivre dans de l’eau de pluie parfaitement pure des plantes toutes développées et pourvues de toutes leurs racines. Ces plantes étaient enlevées de terre avec précaution ; leurs racines étaient lavées avec un soin minutieux, essuyées, puis placées dans des fioles avec une certaine quantité d’eau dont la parfaite pureté avait été constatée à l’aide des réactifs ordinaires. Dans cet état, elles vivaient très bien, puisqu’elles continuaient à développer leurs feuilles, à épanouir leurs fleurs.

Si, au bout de quelques jours, on examinait l’eau dans laquelle une plante avait ainsi végété, il était aisé de reconnaître, soit au moyen de l’évaporation, soit à l’aide des réactifs, qu’il s’y trouvait des substances étrangères, fournies évidemment par les racines. Le même phénomène s’est répété sur tous les végétaux soumis à l’expérience ; de sorte que M. Macaire le considère comme général, au moins pour les plantes phanérogames.

L’eau s’altérait par l’effet du séjour de la plante ; mais il y avait deux manières d’expliquer ce changement : on pouvait l’attribuer à une sorte de macération dépendante de l’action du liquide, action qui aurait eu lieu tout aussi bien sur une racine privée de vie, ou le regarder comme le résultat d’une sécrétion active, d’une fonction propre seulement à la place vivante, et qui se continuait lorsque les racines étaient plongées dans l’eau, comme lorsqu’elles étaient encore enfouies dans la terre. Pour se décider entre ces deux suppositions, dont la dernière était déjà à beaucoup près la plus probable, M. Macaire fit des expériences très différentes, et dont les ré-