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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/253

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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

liser rapidement et sans secousses, un système réellement protecteur doit succéder au système restrictif.


C’est l’Angleterre qui a pris l’initiative de cette réforme, et qui, après avoir poussé plus loin qu’aucune nation le système des prohibitions et des restrictions, travaille aujourd’hui avec non moins de constance et de vigueur à l’affranchissement industriel, soit chez elle, soit au dehors. Ce changement dans la politique commerciale de l’Angleterre a été l’objet de critiques fort spécieuses de la part des partisans du système restrictif. « L’Angleterre, ont-ils dit, après s’être créé une puissante industrie par un système de douanes répulsif de toute concurrence étrangère, parvenue à une incontestable supériorité industrielle, abaisse des barrières qui ne lui sont plus nécessaires, et appelle les autres nations à l’imiter, sûre qu’elle est alors de les envahir. » Ce mode d’argumentation, qui ranime le vieux levain que nourrissent encore, parmi nous, les générations de la Révolution et de l’Empire contre la perfide Albion, n’a pas manqué de succès ; mais ce genre de succès est de ceux, chez nous, qui passent le plus vite. Depuis que nous ne nous croyons plus si Romains, nous ne croyons plus tant aussi à la nouvelle Carthage.

La réforme économique est contemporaine et solidaire en Angleterre de la réforme politique ; elles marchent de front, se prêtant l’une à l’autre un mutuel secours ; les bourgs pourris et les prohibitions, les monopoles électoraux et les monopoles industriels, l’Angleterre n’en veut plus. Cette réforme économique, qu’on présente comme une embûche tendue aux autres nations, est si bien chez elle inspirée par le progrès et l’élan général de l’opinion publique, que, tandis qu’au dehors elle prêche l’affranchissement industriel, elle le commence au dedans. Son système de douanes et son système d’impôts indirects sont attaqués en même temps ; l’accise et l’excise sont simultanément révisées. Jamais réforme ne fut, en matière de finances et de douanes, suivie avec plus de logique et de persévérance.

On doute de la probité politique de Huskisson et de son digne successeur, M. Powlett-Thompson ? Pourquoi ne doute-t-on pas de celle de lord Althorp ? Lord Althorp, en trois ans, a dégrevé de 142,000,000 fr. l’industrie et le commerce d’Angleterre[1]. Les principes qui l’ont guidé

  1. Taxes supprimées. — Cotons imprimés, houille et ardoises, chandelles, tuiles, timbre (pour reçus de petites sommes), droits sur les garçons de boutique, les garçons de magasin, les garçons de cave, droits sur les charrettes et sur les chevaux, payables par les maraîchers.

    Taxes réduites de moitié. — Annonces, savons, taxes sur les boutiques.