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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/65

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Dante.

quel il sentit quelque chose de semblable à de l’amitié. On peut tout au plus en indiquer quelques-uns avec lesquels il est probable qu’il avait déjà formé ou dû former quelques liaisons passagères d’intérêt. De ce nombre étaient Maso de’ Cavalcanti, un des proches de son ami Guido ; Lapo Saltarello, qui, ayant été prieur immédiatement avant lui, avait été l’un de ses électeurs au priorat, et n’était probablement pas encore brouillé avec lui ; Giachotto de Malispini, le neveu et le continuateur de Ricordano de Malispini, auteur d’une chronique, qui est l’un des plus anciens et des plus curieux monumens de la littérature italienne. À ces noms on peut en ajouter un qui frappe davantage, celui de Petracco di Parenzo, l’un des notaires de la république, et le père de Pétrarque. Quelque opinion que Dante eût de ses compagnons d’exil, il ne vit pas d’abord, pour lui, de meilleure chance que de partager leur sort, et il s’y décida.

Se voyant nombreux comme ils l’étaient, sûrs d’être appuyés par les Blancs de Pistoie, par les Gibelins d’Arezzo, de Sienne, de Pise, et par ceux qui se maintenaient encore dans leurs châteaux forts, en divers lieux du Florentin, les Blancs exilés n’hésitèrent pas à entreprendre la guerre contre les Noirs restés vainqueurs à Florence, et s’apprêtèrent à la commencer. Leur première réunion eut lieu à Gergonza, château situé dans les montagnes, sur les confins du territoire de Sienne et d’Arezzo. Ce fut là qu’ils s’organisèrent, et se donnèrent un gouvernement pour diriger leurs affaires.

Ce gouvernement avait quelque analogie avec celui de Florence. Il était composé de deux conseils, l’un dit le conseil des douze, et l’autre le conseil secret. Ces deux conseils se donnaient, dans l’occasion et au besoin, un plus ou moins grand nombre d’adjoints, qui formaient une espèce de conseil général représentant la masse du parti ; ce qui avait été délibéré dans ces conseils réunis, était mis à exécution par les membres du conseil secret, qui, de la sorte, formait la partie agissante du gouvernement, le gouvernement proprement dit. — Dante fut élu membre du conseil des douze.

Le premier acte de ce gouvernement fut de nommer un général pour commander la force militaire du parti ; on donna ce commandement au comte Alexandre de Romena, personnage alors célèbre parmi les chefs Gibelins de la Toscane, et l’un des descendans des anciens comtes Guidi. Cela fait, le gouvernement des Blancs alla s’établir à Arezzo, comme dans le lieu où il pourrait se concerter le plus aisément avec les Ubaldini et les autres Gibelins du val d’Arno, avec lesquels ils venaient de faire alliance.

Les Noirs de Florence s’apprêtaient vigoureusement, de leur côté, à