Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


JACQUES.



Tous les personnages de ce livre sont à la fois très simples et très nouveaux. Jacques, Fernande, Octave et Sylvia ne rappellent tout au plus que par de lointaines analogies les précédentes créations de l’auteur. Comme dans Indiana et Valentine, les caractères et l’action se distinguent par une réalité spontanée ; comme dans Lélia, l’idéal est si habilement mêlé au dialogue, aux descriptions, à la fable elle-même, que la pensée du lecteur chemine alternativement, sans fatigue et sans secousse, de l’émotion à la rêverie, de l’enthousiasme à la curiosité.

Jacques a été soldat. Il s’est de bonne heure initié à la souffrance et à la résignation. Il a trente-cinq ans, et son cœur a traversé déjà bien des épreuves douloureuses. Il ne s’est pas dit comme les stoïques : La sagesse repose tout entière sur le silence des passions. Il n’a pas cru que la paix et le bonheur n’appartenaient qu’à la réflexion austère et désintéressée. Il a vu dans chacune de ses illusions évanouies un enseignement impitoyable ; mais il ne s’est pas découragé. Déçu dans ses espérances d’amour et de fidélité, il ne s’est pas guéri d’aimer. Il s’est remis à la tâche, il a recommencé la lutte comme un athlète hardi. Il a regardé d’un œil