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de la guerre civile dans la Péninsule. On ne peut espérer la fin prochaine de cette déplorable lutte par les seules forces de l’un ou de l’autre des deux partis ; et si don Carlos s’établissait à Madrid, ce serait pour la France une source de complications et de dangers, dont la seule perspective devrait suffire pour faire adopter, dès à présent, l’unique moyen assuré de les prévenir. Toutes les opinions qui ont été successivement appelées à diriger les affaires de l’Espagne, ont eu la prétention de la sauver et de terminer la guerre civile sans l’intervention française, et toutes ont fini par la demander à genoux. Il n’y a plus même aujourd’hui un reste d’orgueil national dans cette Espagne, broyée par les révolutions, pour protester contre l’apparition du drapeau français de l’autre côté des Pyrénées. Toutes les conditions morales se réunissent donc en faveur de l’intervention, épuisement des partis, et découragement des peuples ; et nous n’étonnerons que ceux qui ne connaissent pas le fond des choses, en affirmant qu’un grand nombre de chefs carlistes ne demandent qu’à pouvoir désarmer honorablement. L’intervention serait glorieuse ; elle serait, pour la dynastie, un grand moyen de consolidation, pour la France un gage de sécurité, pour la paix générale une garantie de plus, en ôtant à certaines espérances un dernier appui. Nous n’ajouterons plus qu’un mot. Tout ce qu’elle devait à l’Espagne, la France l’a fait, et au-delà : le temps est venu d’examiner si elle ne se doit pas quelque chose de plus à elle-même.


C.