Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
LES VOIX INTÉRIEURES.

pelle, tantôt à Paderborn, et c’est à peine s’il a parcouru le sol de la France proprement dite. Certes, s’il n’y a aucun mérite à connaître ces détails ; il y au moins de l’étourderie à mettre Notre-Dame sur le compte de Charlemagne.

Mais le plus grave de tous les défauts de la pièce adressée à l’arc de l’Étoile est, à coup sûr, l’indécision générale de la pensée ; car, au moment où le lecteur espère que le poète va prendre un parti, et qu’après de nombreux tâtonnemens il est arrivé à un ordre d’idées nettement circonscrit, l’ode se termine brusquement par un regret et une épigramme. Le regret s’adresse au père de l’auteur, au général Hugo, dont le nom n’est pas inscrit sur l’arc de l’Étoile ; l’épigramme à Phidias absent. Que M. Victor Hugo réclame en faveur de son père, c’est un sentiment honorable, un sentiment qui ne choquera personne ; mais qu’il termine par un bon mot ce qu’il lui plaît d’appeler immense rêverie, voilà ce que le goût ne peut amnistier. Je déclare sincèrement ne pas savoir quelle est l’intention, quel est le sens de l’ode adressée à l’arc de l’Étoile.

Dieu est toujours là est une des œuvres les plus abondantes, les plus faciles, les plus heureuses de M. Hugo. La peinture du printemps est pleine de grâce et de fraîcheur ; le bonheur du pauvre, pendant les beaux jours de l’année, est tracé avec une grande richesse d’expression, et, malgré quelques détails puérils, produit sur l’ame du lecteur une émotion douce à laquelle l’auteur ne nous a pas habitués. La joie sereine du vieillard qui se réchauffe aux rayons du soleil, la course insouciante de l’enfant dans les bois, qui se garnissent de verdure et d’ombre, compteront certainement parmi les meilleurs tableaux créés par l’imagination de l’auteur. Mais la peinture de l’hiver, que M. Hugo nomme le sommeil de Dieu, est loin de pouvoir se comparer à la peinture du printemps ; l’émotion cesse pendant quelque pages pour renaître au moment où l’auteur commence une hymne à la louange de la Charité. Cette conclusion se distingue, comme la première partie, par une grande vérité. Cependant il n’est pas douteux que la peinture du printemps et l’hymne à la charité ne gagnassent beaucoup à être simplifiés. Ce qui d’abord n’est qu’abondance et richesse devient bientôt éblouissant et monotone. Les rayons, en se multipliant, finissent par abolir les contours que l’œil aimerait à suivre. Telle qu’elle est, la pièce Dieu est toujours là rappelle les meilleures des Feuilles d’automne ; mais il n’y a pas progrès.

La pièce à Virgile débute avec simplicité ; malheureusement, après quelques vers dans le goût antique, l’auteur se laisse aller à son