Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
DE LA RUSSIE.

tres paysans de la couronne, fournissent des recrues, mais les choisissent eux-mêmes entre eux, d’après un certain ordre qu’ils ont établi. Les soldats qui sortent de cette classe doivent être congédiés après quinze ans, s’ils n’ont pas encouru de punition grave[1]. Ceux qui sont devenus incapables de travail par les fatigues ou par les blessures doivent être exemptés d’impôts. Ils ont le droit de faire décider leurs différends entre eux par des starostes (anciens) de leur choix, et celui de posséder des terres sans serfs. Quoique le droit de vendre et d’acheter des paysans leur ait été retiré[2], ils peuvent garder ceux qu’ils avaient, et leur donner la liberté à volonté. Leurs biens ne peuvent être confisqués, même pour crime, et doivent passer à leurs héritiers (ce droit a été accordé depuis aux bourgeois). Du reste, ils sont serfs et soumis aux lois qui régissent les paysans. Il leur est seulement permis de reprendre leur noblesse ; mais ils ne sont rayés du registre de capitation qu’après que leurs titres de noblesse ont été reconnus valables par les députés du cercle et la héraldie généalogique de l’empire.

Les enfans des colonies militaires, qui abondent dans les gouvernemens d’Orembourg, de Simbirsk, de Kasan et de Tobolsk, sont soumis à la juridiction militaire, libres d’impôts, mais forcés d’embrasser la profession de soldat, à l’exception d’un seul fils sur quatre, je crois, que le père peut choisir et garder près de lui. Dès qu’ils atteignent l’âge de servir, ils sont incorporés dans les régimens. Le fils qui reste dans la maison paternelle a droit de vivre dans la colonie, et peut, à son tour, choisir un de ses fils pour le consacrer à l’agriculture.

Les paysans de la couronne possèdent en réalité et utilisent les terres où ils vivent, mais qu’ils ne sauraient vendre, et qui doivent être pour chaque tête, au moins de quinze décétines d’étendue. Ils sont sous la surveillance de l’autorité communale, et paient un obrok ou redevance en argent ; quelquefois ils y substituent des corvées personnelles. L’obrock diffère selon la nature des terres. Dans certains gouvernemens, il est de trois roubles papier par homme ; dans d’autres, de deux et demi.

Les paysans nomment un assesseur pris parmi eux, qui traite avec l’assesseur élu par la noblesse, de tous les rapports entre les deux classes et des intérêts d’argent.

  1. Ukase du 23 mai 1786.
  2. Ukase du 25 mai 1809.