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qu’elle ait subi quelques changemens. Reste à savoir, même dans cette hypothèse de circonstances atténuantes, ce qu’il faut entendre par ces changemens, sur quelle partie du système ils porteront, et jusqu’à quel point les bases essentielles du régime représentatif seront respectées. Une polémique fort active s’est établie à ce sujet, dans les journaux censurés de la confédération germanique. Tandis que les sérieuses appréhensions des esprits sages et des partisans de la liberté constitutionnelle ont leurs organes dans le Courrier Allemand de Stuttgardt et même dans la Gazette d’Augsbourg, les prétentions du roi Ernest-Auguste ont aussi leurs défenseurs, qui s’évertuent à prouver que la constitution donnée au Hanovre, par Guillaume IV, n’est pas obligatoire pour son successeur. Singulière thèse déjà condamnée par la diète de la confédération germanique dans l’affaire du duc Charles de Brunswick, qui refusait, lui aussi, de reconnaître une constitution donnée à ses sujets par son tuteur, pendant sa minorité ! Le cas était plus favorable ; mais le duc Charles n’en fut pas moins condamné par la diète, et perdit son procès avec dépens. Nous savons bien que le duc de Cumberland a toujours protesté contre les innovations introduites dans le gouvernement du royaume de Hanovre, et déclaré que s’il était un jour appelé à la couronne, il entendait régner comme avaient régné ses pères. Mais quoi qu’en disent certaines feuilles de l’indifférence générale sur cette question, le peuple du Hanovre n’est pas d’humeur à se laisser ainsi enlever, par un caprice, une constitution qu’il a prise fort au sérieux, dont il se trouvait assez bien, et dans laquelle le pouvoir royal et l’aristocratie étaient très bien partagés.

En attendant, rien ne se prononce. L’agitation qui existe dans les esprits ne se traduit pas en révolte ouverte ; on prépare des pétitions, et on s’encourage à résister, si le roi veut passer outre. Voilà tout jusqu’ici. Le roi, de son côté, n’a pas encore renvoyé son ministère, qu’il n’aime pas, et où figurent des hommes honorables, qui, sans être de bien ardens libéraux, ont appliqué la constitution de bonne foi, et l’ont défendue dans les états de 1832, contre l’opposition de l’aristocratie. Il visite les casernes, commande des exercices, fait des revues, annonce des changemens d’uniforme, tire à la cible avec beaucoup d’adresse, dit-on, et prend connaissance de l’état des choses. Après une visite à Brunswick, il doit se rendre aux bains de Carlsbad. Pendant son absence, une commission présidée par le nouveau ministre d’état, M. Scheele, qui a la haute main en tout ceci, examinera jusqu’à quel point la constitution est obligatoire pour le nouveau souverain, quels changemens on pourrait lui faire subir, s’ils seront discutés dans les états-généraux existans, ou dans ceux de la constitution de 1819, ou dans l’assemblée unique instituée par un décret de 1814, ou s’ils émaneront de la seule volonté du monarque ; questions très épineuses. On dit que le roi veut rappeler aux affaires M. le comte de Munster, qui en est écarté depuis 1831, à la grande satisfaction du peuple hanovrien. Ce serait de mauvais