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ORIGINE DES ZODIAQUES.

peu près l’inverse de tout ce qui a été dit sur ce sujet ; car s’il y a eu jusqu’à présent autant d’avis que de têtes sur l’objet et l’époque du zodiaque, tout le monde s’est pourtant accordé en un point, c’est que le zodiaque grec provient de l’Asie ou de l’Égypte. Cette proposition est donc un paradoxe, et elle fut qualifiée telle, je devais m’y attendre ; aussi la qualification ne pouvait m’ébranler. Je sais le peu que vaut, en général, un paradoxe qui n’est qu’un aperçu de l’esprit, qu’une manière plus ou moins ingénieuse de voir autrement que les autres ; mais quand un paradoxe est la conséquence rigoureuse de faits bien constatés, qui ne sauraient admettre une autre explication aussi probable, il prend un caractère scientifique, et l’on ne doit pas craindre de le produire, quelque éloigné qu’il puisse être de l’opinion commune ; car il y a bien de l’apparence que, s’il n’est pas vrai de tous points, il contient une somme de vérité qui finira par modifier sensiblement les idées reçues.

On aura donc raison de persister. C’est ce que j’ai fait en d’autres circonstances, et je ne m’en suis pas mal trouvé. Ainsi, pour rappeler le point de départ de ces recherches nouvelles, lorsqu’en 1821, à l’époque où l’opinion de la haute antiquité des monumens d’architecture égyptienne avait le plus de force et d’autorité, je lus en Académie et je publiai dans le Journal des Savans un Mémoire où je concluais du sens des inscriptions gravées sur la façade de quelques temples de la Haute-Égypte, que ces édifices avaient été élevés, en tout ou en partie, terminés, ou réparés sous la domination grecque et romaine, on cria de toutes parts au paradoxe ; on écrivit pour prouver l’impossibilité de cette opinion. Champollion lui-même protesta d’abord très fortement contre les conséquences que j’osais en tirer[1]. Malgré ma déférence pour ses avis, j’eus confiance dans la force des argumens où mon instinct philologique me tenait attaché : je persistai ; bien m’en prit. Six mois ne s’étaient pas écoulés que Champollion découvrait[2] les hiéroglyphes phonétiques : il se mettait à lire couramment sur ces temples les mêmes noms royaux ou impériaux qui, d’après les inscriptions grecques, devaient s’y trouver, et déjà, dans le Précis du système hiéroglyphique, il admettait la conséquence où j’étais parvenu du premier saut, tout simplement en ne reculant pas devant une déduction qui paraissait téméraire, mais qui n’était que naturelle.

Le second pas dans cette nouvelle carrière fut marqué par un résultat important, à savoir qu’il n’existe aucune représentation zodiacale dans les monumens égyptiens antérieurs à la domination grecque, d’où je tirais la conséquence que notre zodiaque est étranger à l’ancienne Égypte[3], conséquence que jusqu’ici rien n’est venu démentir.

Le troisième pas est résulté des nouvelles recherches dont on lira le résumé dans la seconde moitié de cet écrit. On y verra que l’opinion sur l’origine grecque du zodiaque est une conséquence de mes recherches antérieures. Cette opinion ressort également d’observations certaines, de faits simples et bien constatés, liés par une chaîne de déductions exactes.

Je le publie tel qu’il a été composé en 1821, tel que l’ont lu plusieurs sa-

  1. Revue encyclopédique, mars 1822.
  2. Septembre 1822.
  3. voir mes Observations sur les représentations zodiacales, mars 1824.