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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/476

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REVUE DES DEUX MONDES.

emblèmes qu’on y voit représentés, le moyen de prouver, avec un succès à peu près égal, la justesse de leurs opinions diverses. L’absence totale de points fixes et déterminés, sur lesquels tout le monde pût s’entendre, excluait la possibilité d’une discussion méthodique et régulière. Chacun allait devant soi, composant son hypothèse, ou combattant celle des autres, sans trop s’inquiéter des objections auxquelles la sienne était soumise à son tour. Les spectateurs de cette lutte opiniâtre, fatigués de tant de débats inutiles, finirent par concevoir un préjugé défavorable contre toutes ces tentatives, et se montrèrent fort disposés à faire aux zodiaques égyptiens l’application du mot de Voltaire : « Ce qu’on peut expliquer de vingt manières différentes ne mérite d’être expliqué d’aucune. »

Il est vraisemblable que la lutte aurait continué long-temps encore, grace au vague et à l’obscurité du sujet, si des recherches d’un genre tout nouveau n’eussent arrêté l’ardeur des combattans, en leur donnant à croire qu’ils pourraient bien avoir jusqu’alors cherché l’explication des zodiaques précisément là où ils ne devaient pas la trouver.

ii.

Après tant d’efforts infructueux, il était facile de prévoir qu’on n’arriverait jamais à aucun résultat certain, en continuant de combiner des emblèmes dont rien ne pouvait déterminer le sens, et qui laissaient le champ libre à toutes les hypothèses. Évidemment on ne pouvait sortir de ce dédale que si, mettant en œuvre l’élément philologique et archéologique, on parvenait à trouver, en dehors de ces monumens mêmes, un point de vue dans l’antiquité, d’où l’on pût les embrasser tous ensemble, et découvrir ainsi leur liaison avec les idées dominantes à une époque connue.

Mais la première condition, pour y parvenir, était de savoir quand ils avaient été exécutés, s’ils l’avaient été tous à la fois ou à de grands intervalles de temps les uns des autres. Cette donnée capitale ne pouvait résulter que de faits analogues à ceux qui servent à déterminer la date des autres monumens antiques, c’est-à-dire de légendes, d’inscriptions rapprochées des témoignages de l’histoire.

Déjà plusieurs savans, et à leur tête l’illustre Visconti, avaient présumé que le temple de Dendérah pouvait être de l’époque grecque ou romaine. Cette opinion, ou plutôt cet aperçu, étant fondée, en grande partie, sur des considérations assez vagues et sur des dessins dont les auteurs avaient un peu flatté le style égyptien, fut combat-