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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/490

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REVUE DES DEUX MONDES.

au iiie siècle de notre ère, qu’ils se rapportent aux superstitions gnostiques et sont analogues aux figures des abraxas[1].

6o Le zodiaque indien, trouvé par John Call dans une pagode[2], présente, ainsi qu’un autre publié plus tard[3], la succession des signes de notre zodiaque, sauf quelques modifications dans les formes. Mais les édifices où ils existent sont d’une construction fort moderne. Le zodiaque proprement indien est le zodiaque lunaire en vingt-sept nakschatras, dont le premier est Crittica ou les Pléïades. C’est celui dont il est fait mention dans les Vedas et les anciens livres de l’Inde[4], selon l’observation de l’illustre Colebrooke, le Gaubil des indianistes. Quoi qu’en ait dit W. Jones[5], dont la critique n’égalait ni la science, ni le talent, tout montre que le zodiaque en douze signes a été importé de l’Occident dans l’Inde avec l’astrologie. La plus ancienne mention se trouve dans Aryabhatta, dont l’époque est indiquée par M. Colebrooke entre 200 et 400[6] de notre ère[7]. Comme il plaçait les points équinoxiaux au premier degré du bélier

  1. Voyez mes Observations sur les représentations zodiacales, pag. 71.
  2. Philos. trans., ann. 1772, pag. 663.
  3. Trans. of the royal asiat. Society of Gr.-Brit., iii, part. i.
  4. Colebrooke, on the Vedas, dans les As. Res., viii, 470.
  5. As. Res., ii, 289.
  6. Colebrooke, Algebra, etc. Notes and illustrat., pag. 42. Aryabhatta, le plus ancien des mathématiciens indiens qui soit cité, a donc pu connaître les écrits de Diophante, dont l’époque n’est pas inférieure à 389 de notre ère, puisqu’il avait eu pour commentateur Hipparchie, la fille de Théon, tuée en 415. Mais il a pu vivre près de deux siècles plus tôt.

    — Je ne dois point laisser ignorer que, dans l’opinion d’un juge bien compétent, l’algèbre indienne ne doit rien aux questions arithmétiques de Diophante. (Libri, Hist. des mathématiques en Italie, tom. i, pag. 133 et suiv.)

    M. de Bohlen (das alte indien, ii, 235) dit que, dans le calendrier des Védas, sont mentionnés les Nakschatras, et « çà et là les douze signes du zodiaque solaire ». Il cite As. Res., viii, 470, 490. Mais à ces deux endroits on ne trouve rien de pareil. Il dit encore que, dans le Ramayana et dans le Bhagavadgita, les douze adityas se rapportent aux douze signes dans le zodiaque (pag. 255) ; mais rien ne prouve que ces douze génies des mois aient quelque chose de commun avec les signes.

    Sur la fin de 1830, j’ai exposé mes idées sur ce point au célèbre M. A.-W. Schlegel, dans des conversations où j’eus occasion d’admirer les vastes connaissances et l’étendue d’esprit de ce grand philologue. Il fut d’abord un peu surpris de ma hardiesse. Son incrédulité céda cependant, je crois, à l’enchaînement des preuves. Il me parut persuadé qu’il chercherait en vain des indices de l’emploi des douze signes dans les monumens indiens, antérieurs à l’influence des Occidentaux. Depuis, M. Stuhr a développé des idées analogues sur l’influence grecque, non-seulement d’après M. Colebrooke, mais d’après un Mémoire inséré dans le tome i des Transactions de Madras, que je n’ai pu me procurer à Paris. (Voyez ses Untersuchungen, etc., c’est-à-dire Recherches sur l’origine et l’antiquité de l’astronomie chez les Indiens, et les Chinois, et sur l’influence des Grecs sur la marche de leur civilisation. Berlin, 1831, pag. 106-112.)(Note ajoutée.)

  7. M. Stuhr, dans l’ouvrage cité (pag. 109), indique un passage des lois de Manou (iv, 69), où il est question du signe de la Vierge. Il le regarde comme une interpolation. Le