Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/638

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
634
REVUE DES DEUX MONDES.

riodiquement la marche générale et le détail. Quelques jours après la distribution des prix du grand concours, ces fonctionnaires ont été invités à venir, en conseil royal, lire et discuter leurs rapports. Cette admission, qui paraissait ne devoir être que temporaire, plusieurs séances consécutives en ont déjà fait une sorte de collaboration régulière et amiable entre les inspecteurs-généraux et les membres du conseil royal. Nous ne voyons pas qui pourrait s’effaroucher d’une semblable mesure. Elle ne peut pas créer d’embarras sérieux, tout au plus peut-il en résulter un surcroît de travail ; mais qui oserait, pour un pareil motif, y faire une opposition déclarée, surtout aux yeux de tout le corps enseignant, dont l’état exige tant de travaux pour de si médiocres salaires ? C’est donc une bonne mesure que celle qui n’a que des inconvéniens dont personne ne peut se plaindre sans s’accuser soi-même, et qui offre d’ailleurs, pour quiconque veut y penser un moment, tant d’avantages. Aussi tous les professeurs, sans exception, ont-ils applaudi à la mesure prise par M. de Salvandy dans l’intérêt de tout le monde : dans celui du corps enseignant, pour qui c’est une nouvelle garantie ; dans celui du conseil royal, dont l’autorité, comme toutes les autorités raisonnables, se fortifiera par ce contrôle intérieur, et qui profitera d’ailleurs de la popularité des actes qui en résulteront ; enfin dans celui du ministre lui-même, qui, en s’éclairant ainsi de tant de lumières réunies, se met à l’abri des erreurs du premier mouvement et échappe à l’obsession des demandes sans titre et des ambitions sans droits.



Revue Musicale.

Certes voici un temps où l’on est mal venu à parler de musique. En effet, que voulez-vous qu’on dise ? Le Conservatoire n’a plus d’échos, le Théâtre-Italien chôme dans la solitude, et l’Opéra traverse sans faire trop de bruit les mois difficiles avec un répertoire que le magnifique talent de Duprez relève encore, à la vérité, mais si connu qu’il n’en faut plus parler. Voilà pour les théâtres ; ainsi des grands maîtres de la scène. Rossini est à Bologne, plus avide et plus jaloux que jamais de son repos et de ses loisirs, et bien résolu à ne plus troubler à l’avenir, par la composition de quelque vain chef-d’œuvre, un temps si précieux, qu’il consacre avec tant de profit aux embellissemens de son palais de marbre ! Meyerbeer est à Baden, où il écrit trois partitions. Que dire de l’oisiveté sublime de Rossini ou du travail si profondément mystérieux de Meyerbeer, qui compose à la première aube dans une chambre étroitement fermée, d’où rien au monde ne transpire, et fait sa musique comme un alchimiste son or ? Quant au public, je vous le demande, où trouveriez-vous, à l’heure qu’il est, ce public si plein de chaleur et d’enthousiasme, qui se passionne dans la même journée pour Beethoven et la Grisi. Voilà donc les théâtres, les maîtres et le public qui chantent, qui composent et s’amusent chacun de son côté. Attendez donc, pour revoir la musique, que les premiers froids de l’hiver resserrent entre eux les élémens de cette unité harmonieuse, dissoute par les chaleurs de la belle saison.

Il faut chercher long-temps avant de trouver dans l’air une note curieuse qu’on saisit au hasard. En général, la saison du soleil, des ombrages