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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/757

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VOYAGE DU DUC DE RAGUSE.

honneur à la France. L’hôte de Soliman-Pacha trouva le Caire fort embelli. Ibrahim-Pacha a bâti un magnifique palais sur les bords du Nil, et couvert d’arbres l’île de Rondah, située en face, dont une grande partie est distribuée en jardins, à la manière européenne. Dans l’intérieur de la ville, la rue principale qui conduit à la citadelle a été élargie. Sur la place de l’Ezbékick, le maréchal se rappela Bonaparte passant la revue de ses légions, il reconnut la maison qui fut sa demeure et le lieu où Kléber fut frappé.

L’Égypte a eu tour à tour différens siéges de sa grandeur : Thèbes d’abord, puis Memphis, Saïs, Alexandrie, Fortat, sous les Arabes, le Caire aujourd’hui, qui est le centre de la puissance de Méhémet-Ali, de tous les souvenirs et de tous les élémens qui doivent faire de l’Égypte un empire. Deux cent cinquante mille habitans sont agglomérés au Caire.

La citadelle, l’école d’artillerie, l’école des élèves, composée de trois cent quatre-vingt-onze jeunes gens, ont obtenu les suffrages du voyageur. Il passa en revue une brigade d’infanterie qui manœuvra pendant trois heures devant lui, dans la plaine de Lakoubéh, non loin des tombeaux des kalifes, et près de celui de Malek-Adel, frère de Saladin. J’eus lieu d’être extrêmement content, dit le maréchal. Voilà pour la puissance militaire. L’industrie n’a pas été l’objet de moins d’efforts, comme l’attestent une fabrique de draps, une fabrique de coton et de toile, une fonderie, une manufacture de poudre. Mais c’est l’établissement d’Abou-Zabel, situé à six lieues du Caire, qui excite vraiment l’admiration du voyageur ; cet établissement est la création d’un médecin français, le docteur Clot, qui a groupé autour d’un hôpital militaire un jardin botanique, un amphithéâtre d’anatomie, un laboratoire de chimie, et une salle de physique. Les professeurs sont Européens, et de jeunes interprètes transmettent en arabe aux élèves l’enseignement, qui est fait en français. Le duc de Raguse a assisté à tous les cours ; la transmission de l’enseignement lui a paru rapide et bien comprise par ceux auxquels elle s’adressait.

L’administration aboutit dans tous ses détails à Méhémet-Ali, qui entre dans la connaissance de chaque chose, et sans l’ordre duquel rien ne se fait. Une ligne télégraphique lui fait connaître en peu de momens ce qui se passe à Alexandrie et sur d’autres points de la côte. Une correspondance journalière lui apporte en vingt heures ses dépêches d’Alexandrie ; elles sont confiées à des piétons. Dans le conseil d’état se traitent toutes les grandes affaires d’administra-