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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/99

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LE PORTUGAL AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

c’est qu’on craignit de les affaiblir en en faisant l’objet d’une stipulation diplomatique. Ils furent, à la date même des ratifications, reconnus et garantis à Lisbonne par un édit royal où la succession du royaume est formellement réservée à don Pedro d’Alcantara, prince royal du Portugal et des Algarves[1]. Jean VI n’indiqua jamais sous un autre titre l’empereur du Brésil. Les corps constitués en Portugal, aussi bien que tous les cabinets de l’Europe, n’entretinrent pas le moindre doute sur ce point. Aussi le vieux roi avait-il à peine clos les yeux, que la proclamation de don Pedro IV se fit sans nulle difficulté ni contestation, et qu’une députation partit pour Rio de Janeiro, afin de prendre les ordres du nouveau souverain.

Ici, du reste, nous n’entendons en rien prendre parti dans une controverse fort obscure et, après tout, fort peu importante en soi. La question de légitimité ne servit jamais, en effet, que de prétexte dans la longue et triste lutte qui s’ouvrit bientôt après. Si les droits de don Pedro, et, par suite de son abdication, ceux de dona Maria II étaient consacrés par l’unanime adhésion de l’Europe, si l’infant don Miguel les sanctionna lui-même en toute occasion par de nombreuses déclarations écrites et verbales, et à Vienne comme à Lisbonne, par ses sermens, on ne pourrait toutefois méconnaître ce qu’il y eut de plausible dans les argumens mis plus tard en avant par les partisans de ce prince. Nous nous bornerons à exposer brièvement l’état d’une question généralement mal éclairée et qui pourrait bien encore occuper l’Europe.

Les miguélistes arguaient, comme on sait, des lois fondamentales du Portugal contre lesquelles ne pouvait prévaloir aucune stipulation diplomatique ; à ce point de vue, les objections étaient graves, et les titres de don Pedro semblaient devenir contestables.

Personne n’ignore que c’est dans les actes des cortès de Lamego, qui réglèrent, à l’origine même de la monarchie, l’ordre de succession à la couronne, que l’on a cherché une incompatibilité entre la qualité d’empereur du Brésil et celle de roi de Portugal. Disons d’abord qu’on peut s’étonner de voir le parti qui, en 1823 et 1824, conspira contre Jean VI, pour empêcher la convocation des trois

  1. Édit perpétuel, donné à Mafra le 15 novembre 1825. Voyez aussi la lettre patente du 13 mai de la même année. (Exposé des droits de sa majesté très fidèle dona Maria II, avec les pièces justificatives et les documens à l’appui. Paris, 1830 ; Bobée et Hingray ; in-4o.)

    Les personnes qui pourraient avoir la curiosité de se fixer sur cette question de droit, auraient à consulter un ouvrage de M. A. da Sylva-Lopez-Rocha. Elles devraient lire dans un sens opposé l’exposé du procureur des cortès de 1828, Jose-Accursio das Neves, et l’assento de cette assemblée.