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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/495

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L’ANGLETERRE DEPUIS LA RÉFORME.

populaires par des mots de peu de sel en cette matière, sur l’inquisition, les jésuites et l’intolérance romaine. Ses chefs, au contraire, s’efforçaient de donner à leur opposition passionnée une couleur exclusivement politique.

L’empêchement légal qui écartait les catholiques, n’était point une flétrissure pour leur caractère ; c’était, disait M. Peel, et après lui les habiles du parti, une simple déclaration d’incompétence parfaitement rationnelle dans un état fondé sur un principe exclusivement protestant, et dont l’église réformée était partie intégrante.

Qu’on ne confonde pas, ajoutaient-ils, les droits naturels avec les droits politiques. Refuser de confier des fonctions publiques à ceux dont les opinions sont incompatibles avec celles professées par l’état, est tout autre chose que priver un citoyen de la vie, de la propriété, de la liberté. Qui voudrait, s’écriait sir H. Tyndall, faire d’un quaker qui professe la doctrine de non-résistance, un général d’armée, d’un anabaptiste qui croit à la communauté des biens, un juge, ou de l’un des fanatiques de Cromwell un dignitaire de l’église ? Comment concevoir également l’admission des catholiques dans un parlement appelé à statuer sur des questions de liturgie ? Comment un homme de cette croyance pourrait-il devenir conseiller de la couronne, lorsque celle-ci exerce une autorité religieuse au titre de chef suprême de l’église, lorsque le bill des droits et l’acte d’établissement font de la communion avec l’église anglicane la condition absolue de successibilité au trône ?

Quelle situation ferait-on ainsi à la royauté ! On établirait par un acte solennel que la liberté de conscience doit être illimitée, que toute incapacité flétrit celui qui la souffre ; et l’on persisterait à en infliger une qui peut atteindre la tête et le cœur du souverain ; et pour rendre l’injure plus poignante, disait M. Sadler, on en ferait un individu solitaire sur le trône, dont la dignité héréditaire ne serait conservée et transmise qu’avec une condition désormais stigmatisée comme un signe de servitude !

Quel serait, d’ailleurs, le résultat effectif de l’émancipation en Irlande ? Rendrait-elle le pays moins turbulent et sa misère moins profonde ? Aurait-elle un autre effet que de donner à l’agitation des organes plus redoutables ? L’Irlande catholique, représentée au parlement, consentira-t-elle long-temps encore à payer les dîmes au clergé protestant, et ne réclamera-t-elle pas la réforme de l’église irlandaise, en violation de l’article 5 de l’acte d’union qui reconnaît celle-ci comme partie intégrante de l’établissement anglican ? Après avoir été relevés des lois pénales, les catholiques irlandais ont réclamé la fran-