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était subordonnée au pouvoir souverain d’une grande assemblée nationale, type dont l’idée, assez vague d’ailleurs, répondait à cette formule souvent répétée alors dans les manifestes de la noblesse protestante : Tenue d’états et conciles libres[1]. Après le massacre de la Saint-Barthélemy, refugié à Genève, et, comme il le dit lui-même, tristement préoccupé, dans cet exil, de la patrie et de ses malheurs, il lui vint à la pensée de chercher, dans le passé de la France, des leçons et un remède pour les maux présens[2]. Il lut tout ce qu’il lui fut possible de rassembler en histoires, chroniques, et autres documens relatifs, soit à la Gaule, soit au royaume de France. Il crut découvrir, dans ses lectures, faites par lui avec patience et bonne foi, la constitution essentielle de la monarchie française, et ce qu’il en tira ne fut autre chose que le programme qu’il avait dans l’esprit en commençant ses recherches, la souveraineté et le contrôle permanent d’une assemblée d’états-généraux. « Il y a plusieurs mois, dit-il, qu’absorbé dans la pensée de si grandes calamités, je me mis à feuilleter tous les anciens historiens de notre Gaule franke, et qu’à l’aide de leurs écrits je composai un sommaire de l’état politique qu’ils témoignent avoir été en vigueur chez nous pendant plus de mille ans, état qui prouve, d’une façon merveilleuse, la sagesse de nos ancêtres, et auquel notre pays, pour avoir la paix, doit revenir, comme à sa constitution primitive et en quelque sorte naturelle[3]. »

Ce curieux livre où se rencontre, pour la première fois, une invocation des lois fondamentales de l’ancienne monarchie, fut composé en langue latine et intitulé : Franco-Gallia, titre qu’une traduction contemporaine rend par ces mots la Gaule française[4]. Il est aisé

  1. Mémoires de l’état de France sous Charles IX, tom. II, passim.
  2. Cujus rei meum pectus memoria exulcerat, cùm cogito miseram et infortunatam patriam, duodecim jam ferè annorum spatio, incendiis civilibus exarsisse… Ita spero neminem amantem patriæ communis meam hanc, in quærendis remediis, operam aspernaturum. (Fr. Hotomani, Præfatio epistolaris ad Fridericum, Bavariæ ducem.)
  3. Superioribus quidem mensibus, in tantarum calamitatum cogitatione defixus, veteres Franco-Galliæ nostrae historicos omnes et Gallos et Germanos evolvi, summamque ex eorum scriptis confeci ejus status, quem, annos ampliùs mille, in republicâ nostrâ viguisse testantur. Ex quà incredibile dictu est quantam majorum nostrorum in constituendâ republicâ nostrâ sapientiam cognoscere liceat… Rempublicam nostram tum denique sanatum ici confidimus, cùm in suum antiquum et tanquam naturalem statum, divino aliquo beneficio, restituetur. (Ibid.)
  4. Franco-Gallia sive tractatus isagogicus de regimine regum Galliæ et de jure successionis : libellus, statum veteris reipublicæ Galliæ tum deinde à Francis occupatæ, describens. — La traduction se trouve dans le tome ii du recueil intitulé Mémoires de l’état de France sous Charles IX.