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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/82

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REVUE DES DEUX MONDES.

§ II. — bases des évalutations,

En France, le chiffre officiel d’évaluation, appliqué par les douanes aux unités dont elles constatent le mouvement, a été établi après une longue enquête et basé sur une moyenne des prix qui existaient au moment de la discussion. Il a été appliqué, pour la première fois, au tableau du commerce de 1825, et, en comparant le résultat qu’il a donné dans cette année-là avec celui qu’auraient produit les bases dont on se servait antérieurement, on trouve une différence de 74 millions, en moins, sur la valeur des importations acquittées, et de 64 millions, en plus, sur celle des exportations. L’on voit de là de quelles erreurs étaient frappées les inductions que l’on essayait de tirer, relativement à une prétendue balance de commerce, des faits sur lesquels on s’était jusqu’alors appuyé, puisque cette balance, pour cette seule année, aurait été fausse de 138 millions. Ce chiffre officiel a depuis été appliqué sans changement à toutes les années suivantes. Il exprime ainsi vaguement des quantités non homogènes ni susceptibles d’addition, et ne tient aucun compte des changemens de valeur que le temps amène et qui n’ont pu manquer d’être considérables. Des recherches critiques sur les variations que ces prix ont subies depuis douze ans nous écarteraient trop de notre sujet.

La Grande-Bretagne emploie, pour l’évaluation officielle de son commerce, un taux d’appréciation qui remonte à l’année 1696, et qui a été augmenté seulement des articles qui se sont produits depuis lors. Cette évaluation officielle ne peut donc exprimer que des quantités ; seulement, comme correctif, on y joint, par comparaison, l’état de la valeur réelle et déclarée des articles exportés produits du sol ou des manufactures britanniques.

La France ni la Grande-Bretagne ne comprennent pas, dans leurs tableaux de commerce, l’or et l’argent sous forme de matière première ou de numéraire, ni à l’importation, ni à l’exportation. La France constate à part ce qui a été l’objet d’une déclaration régulière.

Les États-Unis, par un acte du congrès du 10 février 1820, ont pourvu au recensement régulier de leur mouvement commercial. Ils emploient pour taux d’évaluation le prix courant des ports étrangers d’où la marchandise arrive, sans aucune addition de frais, quand il s’agit de l’importation, et le prix courant du port américain où la marchandise est chargée, quand il s’agit de l’exportation. Les métaux précieux sont compris dans l’importation générale, ainsi que dans l’exportation ; mais dans ce dernier cas, s’il s’agit de monnaie américaine, elle est rangée dans la liste des articles manufacturés du pays. La franchise de droits dont jouissent ces mouvemens, laisse peu de doute sur l’exactitude des déclarations.

Il est facile de voir, par ce qui précède, que les sommes que nous allons comparer manquent d’exactitude mathématique. Elles ne doivent être regardées que comme l’indication du mouvement ascensionnel ou rétrograde du