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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/859

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REVUE. — CHRONIQUE.

convient aux doctrinaires, qui se rappellent, sans doute, entre autres circonstances, la vigueur avec laquelle le président de la chambre maintint la parole à M. Thiers lors de la discussion de l’adresse, dans la dernière session, et mit fin aux interruptions du parti doctrinaire. Toutefois, comme ce parti n’a aucune rancune, ainsi que tout le monde le sait, si M. Dupin consent à entrer dans la coalition et à mettre le pouvoir du président de la chambre au service des opinions et des goûts personnels du parti doctrinaire, M. Duvergier de Hauranne et ses amis lui donneront leurs voix. Depuis quinze jours cette sommation est faite et répétée chaque matin à l’ancien président de la chambre. Ainsi, le côté gauche de la coalition se privera d’un président de la chambre excellent, selon lui, parce qu’il refuse d’entrer dans la coalition, parce qu’il n’entend pas se jeter en aveugle dans la grande conspiration parlementaire ; et, de son côté, le parti doctrinaire accepterait pour président et nommerait un homme qui n’a, selon les doctrinaires, ni impartialité, ni dignité, ni rien de ce qu’il faut pour présider la chambre. Il lui suffira d’entrer dans la coalition pour que tous ses péchés lui soient remis. M. Dupin n’est-il pas bien modéré de qualifier de marché électoral la transaction qu’on lui propose ?

Nous citerions la lettre que M. Dupin vient d’adresser aux électeurs de Clamecy, si elle n’était déjà connue de toute la France. M. Dupin s’adresse à ses électeurs, et non pas à ceux de ses arrogans collègues qui le somment de s’expliquer « ouvertement, catégoriquement et par écrit, » sur plusieurs questions, tandis qu’eux-mêmes ont soigneusement caché leurs vues sur certaines questions, et ne se sont expliqués que timidement sur d’autres. M. Dupin ne s’est expliqué que sur un point, et c’était le seul sur lequel il avait à s’expliquer devant la chambre. Il n’a pris et ne prendra, dit-il, aucun engagement vis-à-vis du ministère ; et il s’empresse de professer hautement qu’il ne peut pas y avoir de candidature ministérielle sous l’empire de la charte de 1830 qui a restitué à la chambre la nomination de son président. Une déclaration, en vue de s’assurer les votes de ceux qui la provoquent, serait, selon M. Dupin, une brigue et une lâcheté, et il aime mieux garder sa propre estime que de conquérir les suffrages d’autrui en perdant celui de sa conscience.

Cette réponse si simple et si noble déchaîne déjà toute l’opposition contre M. Dupin. Le parti doctrinaire déclare qu’il le regarde, dès à présent, comme un candidat ministériel, et les organes de la gauche ne le traitent pas mieux. Ne voyons-nous donc pas tous ceux qui refusent de servir les passions de la coalition terrassés par ce mot de ministériels ? M. Dupin est aujourd’hui un ministériel, à son tour, parce qu’il n’est pas édifié des mérites constitutionnels, tout récens, du parti qui se dit conservateur, et l’opposition du centre gauche abandonne aussitôt M. Dupin à ses ennemis les doctrinaires. Et pourquoi donc M. Dupin serait-il ministériel, s’il vous plaît ? Serait-ce pour être ministre ? Mais il a constamment refusé les ministères qu’on lui