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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/872

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LETTRES
SUR LA SITUATION EXTÉRIEURE.

X.
Monsieur,

Quand on examine avec soin, sans prétention et sans parti pris, la situation actuelle des affaires en Europe et les rapports des grandes puissances entre elles, on se demande si le rôle que joue la France dans le monde depuis la révolution de juillet, si l’attitude qu’elle conserve, méritent ces reproches d’abaissement et d’humiliation qui retentissent dans la presse, et que les passions politiques iront peut-être bientôt porter à la tribune. Pour moi, je ne le crois pas, et sans abdiquer la liberté de mon jugement sur chacun des actes en particulier, ce qui me met d’abord en défiance de ces accusations, c’est que, depuis huit ans, les adversaires du gouvernement les répètent sans se donner la peine de les renouveler, à propos de tout et contre tous les ministères, l’un après l’autre. Assurément, je ne voudrais pas prétendre que ce soit là une fin de non-recevoir absolument décisive, et que, pour s’être trompée si long-temps, l’opposition ne puisse pas, à la rigueur, avoir un jour raison sur tel ou tel point de la politique extérieure du gouvernement. Mais on conviendra du moins que c’est contre elle une première présomption assez défavorable, et qu’elle n’a point l’avantage du terrain. On pourrait dire encore, il est vrai, que ses rangs se sont élargis pour recevoir des hommes d’état dont elle a autrefois nié l’intelligence, dénaturé les intentions, méconnu le dévouement aux intérêts de la France et de la liberté ; on pourrait dire que ces mêmes hommes d’état, devenus les chefs et l’espoir de l’opposition, ne reconnaissent plus ou prétendent ne plus reconnaître leur politique dans ce qui se fait aujourd’hui ; qu’ils blâment hautement certains actes, certaines résolutions, certains sacrifices auxquels probablement ils n’auraient pas consenti, s’ils étaient restés au pouvoir. Je ne l’ignore pas ; et sans doute c’est là une circonstance qui ne manque pas de gravité, c’est un fait qui tient et doit tenir une grande place dans la situation actuelle des esprits et des choses. Mais n’est-il pas à craindre que le point de vue ayant changé, bien que l’instrument soit resté le même, l’erreur se soit glissée par là dans des jugemens qui reposent désormais sur une base différente. En admettant la même bonne foi de part et d’autre, il est évident que le point de vue du