Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
REVUE DES DEUX MONDES.

3 milliards 200 millions de livres de coton, pour une valeur
de 
2 milliards 32 millions de francs
91 millions de livres de tabac, pour 
» 335
En céréales, riz, farine, biscuit et animaux 
» 626
faisant ensemble une valeur de près de 3 milliards, obtenue directement du sol.

L’importance de ces produits, celle des pêcheries, des bois de construction et des potasses, rendent moins sensible la lenteur du développement des manufactures. Cependant la substitution des machines perfectionnées au travail de l’homme, et l’avantage d’avoir la matière première sous la main, ont déjà accru l’exportation des articles manufacturés de coton au point que la valeur totale de la période décennale dépasse 88 millions de francs, dont près de 12 millions pour l’année 1835-36.

§ vi. — vues générales sur l’avenir commercial de la france.

Le statistique n’est pas une lettre morte dont il n’y ait aucun enseignement à tirer, seulement il faut se garder de conséquences trop absolues, en présence de la difficulté que l’on éprouve à constater des faits dont l’appréciation soit à l’abri de toute critique. Une précaution tout aussi nécessaire est celle d’examiner l’action des circonstances qui peuvent accompagner ou suivre les époques dont on remarque la direction. Ainsi le développement des affaires commerciales, dans l’année 1830, a été le sujet de graves erreurs. On l’a regardé comme le principe d’un accroissement durable, tandis qu’il n’était que l’effet d’une excitation immodérée, d’un trafic exagéré (overtrading) ressenti sur tout le globe, et dont la crise des États-Unis et les contre-coups, en Angleterre et en France, ont été les conséquences. Le commerce général doit augmenter avec l’augmentation des populations civilisées et des moyens de travail dont elles sont en possession ; mais on a eu tort de comparer 1826 à 1836. À mesure que les évènemens surgissent, nous voyons d’autant plus clairement les modifications que la prospérité de cette dernière année recevra quand elle se réunira aux deux suivantes, 1837 et 1838. Ce n’est pas que nous attachions trop d’importance au groupement par périodes dont nous nous sommes servi. Nous pensons seulement qu’il exprime assez bien l’influence des évènemens historiques sur les opérations du commerce : développement du travail de 1827 à 1829, après la crise anglaise de 1825 et 1826, oscillation dans les trois années suivantes, marquées par des révolutions et des épidémies ; nouvelle ère de prospérité de 1833 à 1835, se terminant par une surexcitation en 1836. Tel est le tableau que nous offre la période décennale. Le mouvement rétrograde imprimé au commerce pendant les années 1837 et